La famille dans tous ses états. Dans Monsoon wedding, la réalisatrice indienne Mira Nair (Salaam Bombay ! nous invite à un mariage. Son film, qui concourt pour le Lion d'or, réunit soixante-huit personnages autour d'une grande tablée. Comme Festen de Thomas Vinterberg, des vérités éclatent dans une catharsis générale. A travers la cérémonie, c'est un portrait de Delhi et de l'Inde moderne et cosmopolite qui est réalisé. "Monsoon wedding ne ressemble pas à ce que j'ai fait auparavant. C'est un authentique film indien", insiste Mira Nair.
Dans Agua e sal (Eau et sel) de la Portugaise Teresa Villaverde (Os mutantes), la famille se déchire. Ana vit dans un petit village près de la mer avec son mari et sa fille. Le père tentera d'enlever sa progéniture. Ce film a bien failli être déprogrammé en raison d'un différend entre Teresa Villaverde et son ex-mari, le cinéaste américain Jon Jost : ce dernier a expliqué que leur fille Clara avait joué dans Eau et sel sans son autorisation, et qu'il souhaitait que le film soit retiré du Festival. Mais Paulo Branco, le producteur, a affirmé qu'il possédait toutes les autorisations nécessaires. Le film concourt pour le Lion de l'année dans la catégorie "Cinéma du présent".
Egalement dans cette section, Le Souffle du Français Damien Odoul. Film intimiste en noir et blanc, il brosse le portrait d'un adolescent de 15 ans qui se retrouve confronté à la mort pour la première fois. Sous l'influence de l'alcool, il commettra un acte extrême. Le Souffle décrit le passage à l'âge adulte comme "dans les sociétés traditionnelles et primitives", explique le réalisateur qui signe ici son premier film.
Benoît Jacquot et sa Tosca
Autre long métrage français présenté ce vendredi : Tosca de Benoît Jacquot. "Tosca, c'est l'opéra, c'est l'Italie. C'est désir, passion et meurtre. Une femme comme une flamme et deux hommes qui l'entraînent chacun à eux, un ange et un diable. Trois voix, trois corps. C'est chanté et c'est filmé", explique le réalisateur de Sade. Amoureux d'opéras, il a filmé les chanteurs Angela Gheorghiu, Robert Alagna et Ruggiero Raimondi dans les mythiques studios d'enregistrement d'Abbey Road. Cette adaptation cinéma de l'opéra de Puccini, présentée hors compétition, montre les artistes chantant en studio, accompagnés par l'orchestre de Covent Garden, mais également interprétant l'opéra dans des décors stylisés.
Le cinéaste portugais Joao Botelho propose également une adaptation, mais d'une pièce de théâtre. Cet habitué de Venise - il y a présenté Les Temps difficiles en 1988 et Trafico en 1998 – s'est inspiré de Frei Luis de Sousa d'Almeida Garrett qu'il qualifie de "travail de génie, inégalé dans l'art de l'écriture portugaise" pour réaliser Quem es tu ?. Agée de 13 ans, Maria Noronha est une jeune fille très fragile et malade. Pendant son sommeil, elle est victime d'hallucinations qui la plongent dans la décadence du Portugal du XVIIe siècle et les terribles moments de l'Inquisition. Le film concourt pour le Lion d'or.
L'actrice italienne Laura Betti, quant à elle, s'est intéressée au sulfureux réalisateur de Salo ou les 120 journées de Sodome, Pier Paolo Pasolini. Elle confronte les mots et les impressions du cinéaste à la société actuelle dans Pier Paolo Pasolini e la ragione di un sogno (Pier Pasolini and the reason of a dream) présenté hors compétition. On y retrouve notamment les témoignages des réalisateurs Bernardo Bertolucci ou Mimmo Calopresti. La réalisatrice, directrice de la Fondation Pier Paolo Pasolini, a joué sous la direction du cinéaste dans Laviamoci il cervello, Capriccio all'italiana, Théorème pour lequel elle a obtenu le prix de la meilleure actrice à Venise, et Les Contes de Canterbury.M-C.H.