En 1979, Bob et Harvey Weinstein montent une petite société de production baptisée Miramax Pictures. 22 ans plus tard, Miramax est une mini-major, détenue majoritairement par Disney, mais toujours sous la coupe d'Harvey Weinstein : l'an dernier, Disney lui a d'ailleurs renouvelé sa confiance à la tête de l'entreprise pour sept nouvelles années. Bob, quant à lui, dirige Dimensions Films, la société de production créée par la fratrie après la prise de contrôle de Miramax par Disney. Il y a donc partage des tâches et des sociétés : Harvey s'occupe des gros poissons, Bob reste le renifleur de talents. Il semblerait que cette division du travail soit peu à peu en train de se modifier, comme le reflète l'exemple de The Others.
Sur ce film, les équipes de Miramax et Dimension Films ont travaillé de concert : l'équipe des acquisitions de Miramax a acheté le scénario, dans le but de le transférer à Dimension. Pour beaucoup, le script correspondait plus à un film Miramax qu'à un film Dimension, spécialisée dans les films d'horreur pour adolescents. The Others est un premier film américain d'un réalisateur étranger (l'Espagnol Alejandro Amenabar), doté d'une véritable atmosphère, plutôt subtil, et sans effet spéciaux. Rien à voir donc, à priori, avec l'esprit plutôt "ado" des films Dimension.
Bob Weinstein voit plus loin, et après un public, il y en a toujours un autre a conquérir. Produire The Others lui permet en effet d'élargir son champ d'action à un public un peu plus âgé. Dans la même veine, il produira le remake de Soupçons d'Alfred Hitchcock (1941). Avec un certain succès à la clé : produit pour la modique somme de 17 millions de dollars, The Others a rapporté plus de 46 millions de dollars lors de son exploitation en Amérique du nord, et pourrait atteindre les 60 millions de dollars de recettes outre-Atlantique. Une fois les frais de sortie et autres soustraits, le film reste une excellente affaire pour Dimension Films. Et ça, c'est aussi, et surtout, dans la ligne du groupe.
Si les deux frères avaient déjà travaillé ensemble sur Jay and Silent Bob strike back de Kevin Smith (Dogma), il semble qu'avec The Others, l'imbrication des deux sociétés soit plus importante, notamment au niveau du marketing. Lorsqu'on demande à Bob comment il va défendre le film lors de la prochaine campagne pour les Oscars, il rétorque : "Je connais quelqu'un capable de s'en occuper." Allusion, bien entendu, à son aîné Harvey, célèbre pour ses campagnes qui ne laisse aucun répit aux votants.
F.M.L avec Variety