La vague de détente survenue lors de l'arrivée au pouvoir en 1997 du président réformateur Mohammad Khatami semble de plus en plus compromise en Iran. Dans un discours retransmis par la radio d'Etat lundi 23 juillet, le Guide de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a mis en garde les cinéastes. "L'artiste doit se sentir engagé et responsable (...) agir en conformité avec l'identité nationale", a-t-il affirmé, ajoutant que les ennemis de l'Iran avaient toujours cherché "à atteindre leurs buts hégémoniques par le biais de l'art et de la culture".
"Le peuple iranien ne cherche de conflit avec personne mais il ne se pliera jamais devant les visées des Etats-Unis", a continué l'ayatollah, avant de demander expressément aux cinéastes de modifier le traitement du sexe dans leurs films. "Un art religieux se consacre à la propagation du message divin, de la justice, de la morale et doit donc s'éloigner de la vulgarité", a-t-il déclaré.
Cette déclaration intervient quelques jours après la démission du vice-ministre de la Culture chargé du cinéma, Seifollah Dad, proche de Mohammad Khatami. Celui-ci avait expliqué qu'il voulait réaliser des films. Mais des rumeurs sur ce départ avaient circulé dans les milieux professionnels où l'on affirmait que Seifollah Dad était de plus en plus soumis à la pression des conservateurs.
Depuis 1997, la plupart de la soixantaine de longs métrages qui sont produits chaque année en Iran traitent de manière plus libre les sujets de société et les relations entre jeunes gens de sexe opposé. Le cinéma iranien connaît un grand succès à l'étranger. Abbas Kiarostami (ABC Africa) et Mohsen Makhmalbaf (Kandahar) étaient présents cette année à Cannes. Le Cercle de Jafar Panahi avait obtenu le Lion d'or à Venise et Sanam de Rafi Pitts avait raflé le Grand Prix du jury au Festival de Paris.
M-C.H. avec AFP