Alors que les victimes de la dictature de Pinochet tentent de poursuivre leurs anciens tortionnaires, une nouvelle étape dans la démocratisation du Chili vient d'être franchie. L'assemblée chilienne a en effet approuvé à 125 voix contre 8 une loi mettant fin à la censure au cinéma et à la télévision. Car les médias étaient étroitement contrôlés depuis 1973, date du coup d'Etat de l'armée, et les exploitants comme les chaînes de télévision ne pouvaient diffuser des productions jugées "choquantes". Ainsi, le VTR Cablexpress avait été sanctionné par le Consejo de Calificacion Cinematografica (Conseil de Qualification Cinématographique) pour avoir programmé Pepe, Luci, Bom et les autres filles du quartier de Pedro Almodovar. Ce film avait été interdit au Chili en 1982 parce qu'il comportait une scène de violence sexuelle et de masochisme.
Cette nouvelle loi a été votée alors que la société chilienne commence tout juste à parler de sujets tabous. Le journal Las Ultimas Noticias publiait récemment un sondage où 74 % des personnes interrogées accepteraient la diffusion de films érotiques après 22h00. De même, une publication intitulée "Censure à l'écran", co-écrite par le dramaturge et psychiatre Marco Antonio de la Parra et le journaliste Daniel Olave, a révélé les irrégularités commises par le CCC qui a interdit pas moins de 800 films depuis sa création.
Mais le Sénat a demandé à ce que la loi ne soit pas appliquée tant qu'elle n'a pas été approuvée par les nouveaux membres du CCC. Cette chambre comporte beaucoup de conservateurs impliqués dans la dictature : sa résistance n'est donc pas surprenante.
A.C. avec Screendaily