Un mois après la Gay Pride, à l'heure où les festivals gays et lesbiens se multiplient, et où les homosexuels sont majoritairement considérés comme des membres de la société à part entière (même si l'homophobie existe encore), qu'en est-il de la "gayttitude" dans le septième art ?
Depuis une dizaine d'années, les gays et les lesbiennes ont progressivement investi l'écran, au point de devenir incontournables, et ce un peu partout autour du globe. Le magazine américain Variety recense ainsi pas moins de 38 films traitant de l'homosexualité sous une forme ou une autre, à sortir d'ici la fin de l'année à Hollywood. Reste à savoir si la multiplication des gays à l'écran relève plus d'une ouverture d'esprit ou d'une adaptation des studios au tout aussi incontournable gay power. Les homosexuels sont en effet l'une des cibles privilégiées de la publicité, en raison de leur pouvoir d'achat supérieur à la moyenne. Si l'on ajoute qu'en plus ils sont cinéphiles...
En ce qui concerne le traitement cinématographique, il y a du bon... et du moins bon. Hollywood a encore du mal à se défaire de ses codes moraux (un héritage du Code Hays ?*), et rechigne encore à présenter des scènes érotiques homosexuelles, là où les scènes hétéros pullulent. La peur de choquer semble donc persister. Parmi les bonnes nouvelles, notons cependant l'effort des scénaristes. Au fil des ans, les clichés sur les homos sont en effet devenus moins grossiers : adieu les "folles tordues" de La Cage aux folles, bonjour la sensibilité de Boys don't cry.
L'homosexualité n'est plus non plus l'apanage des homosexuels. Nombreux sont les hétéros à parler des homos. Réciproquement, les cinéastes gays, François Ozon en tête, ne se cantonnent plus à ce seul sujet. La thématique, quant à elle, se fait relais des questions sociales des uns ou des fantasmes des autres. Aujourd'hui, on parle donc moins de cinéma gay que d'homosexualité au cinéma.
F.M.L
* Le code Hays est un code de bonne conduite morale fixant les règles auxquelles devaient répondre les scénarios. Entré en vigueur à Hollywood en 1934, il a surtout été appliqué durant la Prohibition, avant d'être jugé contraire au Premier amendement de la Constitution américaine en 1951.