Décidément, la fin du monopole de la distribution en Chine crée bien des remous. Depuis l'annonce de la nouvelle par le gouvernement chinois à la mi-juin, les relations sont de plus en plus tendues entre China Film, actuel distributeur officiel, et les distributeurs régionaux, à qui la firme sous-traite les mandats locaux. A tel point que China Film menace de bloquer la remise des copies de Pearl Harbor à ces fameux sous-traitants de la distribution. Motif : les sociétés concernées n'auraient pas reversé à China Film les recettes engrangées sur d'autres films précédemment sortis, pour les territoires qu'elles avaient en charge. La note s'élèverait à 8,5 millions de dollars.
Derrière ce conflit de remontée des recettes, se cache en réalité le problème posé par l'ouverture du marché de la distribution des films étrangers en Chine, en contrepartie de l'entrée du pays dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). China Film ne voit pas d'un très bon oeil la fin de son monopole, et crée toutes les entraves possibles à ses futures concurrents. D'autant que les critères d'attribution des six licences qui permettront aux sociétés de distribuer des films ne sont pas encore établis. Et là encore, China Film et les sous-traitants provinciaux ne sont pas d'accord. En appliquant cette politique, China Film cherche à conserver au maximum son business. Pour le moment, la firme conservera le monopole de l'importation des films. Les distributeurs devront donc encore négocier avec elle les mandats de distribution, bien que tout le monde sache que cette situation n'est que temporaire.
Malgré la querelle, la sortie de Pearl Harbor en Chine est maintenue au 10 août. En s'attaquant à ce film, China film tente un coup de force qui ressemble plutôt à un feu de paille. En effet, la distribution des films américains en Chine ne rapporte pas énormément d'argent. Malgré un marché potentiel de 1,2 milliard de spectateurs, les faiblesses de la distribution et le manque d'investissement en équipements cinématographiques sont de véritables entraves au décollage de ce marché. Sur 50 000 salles, à peine plus de 7500 sont véritablement professionnelles, et disposent des infrastructures nécessaires pour projeter les copies. Les autres diffusent essentiellement des films en 8mm.
F.M.L avec Variety