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    Le cinéma belge en colère

    Les professionnels du septième art belge se plaignent du manque d'aides financières. Pour se faire entendre, ils sont descendus dans la rue.

    La grogne date d'il y a plus d'un mois. Les acteurs exprimaient alors leur ras-le-bol face à l'absence de statut clair de leur profession. La semaine dernière, sur le pavé bruxellois, cinéastes, producteurs, techniciens et comédiens manifestaient devant la Communauté française de Belgique qui attribue les aides à la production. Des affiches de films belges récents avaient été détournés : "Les Portes de la faillite" avait remplacé Les Portes de la gloire (actuellement à l'affiche en France), Thomas est amoureux, également en salles en France, avait été transformé en "Thomas est malheureux".

    "Il y a une absence de politique culturelle. La Communauté française est sous-financée. Il y a un vivier cinématographique énorme mais celui-ci n'est pas soutenu", nous a expliqué Jean-Philippe Laroche, vice-président de l'association des réalisateurs-producteurs de films et directeur de la maison de production Nota bene. Une absence de moyens que le coproducteur du prochain documentaire d'Eric Pittard avec les Zebda (Le Bruit, l'odeur et quelques étoiles) explique par la complexité des structures d'aides en Belgique. Le cinéma, scindé dans sa langue, n'est pas subventionné par l'Etat fédéral mais par les différentes communautés, française et flamande.

    La Communauté française, sur le même principe que le CNC, se réunit en commission de sélection pour attribuer des aides à la production. Trois fois par an, elle juge, sur scénario, les films susceptibles d'obtenir un financement. "Avec le succès du cinéma belge, nous voyons arriver de plus en plus de projets. Ils viennent de cinéastes confirmés, de réalisateurs qui ont fait un premier film très remarqué dans des festivals mais aussi de jeunes qui viennent de sortir des écoles de cinéma. Nous n'arrivons plus à aider tous les films de qualité", nous a confié Véronique Pacco, secrétaire de la commission de sélection de la Communauté française.

    La dernière séance, qui s'est déroulée ce mois-ci, a exacerbé les frustrations : sur 24 longs métrages présentés, seuls cinq ont obtenu une aide à la production. Sur les cinq films aidés, trois ont reçu l'aide maximale de 20 millions de francs belges (3,2 millions de francs) et deux ont obtenu 6 millions de francs belges (975 000 francs). "En moyenne, nous avions environ 85 films (longs métrages, courts métrages, documentaires) présentés par session. Ce mois-ci nous en avons eu 105. L'aide maximale à la production pour un film est passée, depuis deux ans, de 25 millions de francs belges à 20 millions", explique Véronique Pacco.

    Le nouveau Dardenne aidé par Wallimage

    Depuis six mois, un autre type de structure qui fonctionne comme une banque a été mis en place. Wallimage, créée par la région wallonne, prête de l'argent à des projets cinématographiques. Mais, ombre au tableau, les prêts ne sont attribués qu'à des projets qui ne présentent aucun risque financier. Ce sont donc surtout les cinéastes confirmés qui sont susceptibles d'être aidés. Ainsi, le nouveau projet des frères Dardenne (La Promesse, Rosetta) vient d'être accepté par Wallimage.

    Risque de ces difficultés de financement : les producteurs belges se tourneront de plus en plus vers d'autres pays, dont la France, pour boucler leur budget. Ils n'auront donc qu'une toute petite retombée financière d'oeuvres écrites, tournées et post-produites en Belgique.

    M-C.H.

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