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    USA : le marketing sur la sellette

    Le sénateur démocrate Joe Lieberman se bat pour instaurer un contrôle effectif de la promotion des films violents auprès des mineurs.

    Le débat sur la violence dans le cinéma, et l'industrie du divertissement en général, continue de faire couler beaucoup d'encre aux Etats-Unis. Etudes psychologiques, rapports de commissions spéciales, projets de loi, amendements, toutes les mesures sont envisagées pour que la prise de conscience débouche sur des mesures efficaces. Mais comme souvent, les opinions politiques des uns et des autres viennent compliquer les choses.

    Dernier débat en date, le marketing des films à caractère violent. Dans un rapport datant de l'année dernière, la Federal Trade Commission (FTC) montrait du doigt les pratiques mercantiles des professionnels du cinéma à l'égard des mineurs. Le problème pourrait être résumé ainsi : un couple qui amène son chérubin voir Shrek ou Atlantide est-il en droit d'exiger de ne pas y voir la bande annonce de Mortelle Saint-Valentin ou de The Hole ?

    La proposition de Lieberman

    Malgré son rapport, la FTC s'était refusée à demander un vote au Congrès sur la question. Elle s'était déclarée incompétente, au regard du 1er Amendement de la Constitution américaine. L'article se pose en défenseur de la liberté d'expression contre l'intervention du Congrès. La FTC avait alors demandé une autorégulation de la part des professionnels, les invitant à plus de précautions.

    Mais certains politiques ont refusé de s'incliner devant cette décision. C'est notamment la position des sénateurs démocrates Joseph Lieberman et Hilary Clinton. Déjà présenté comme possible candidat à la Présidence en 2004, Joe Lieberman a fait de ce problème son cheval de bataille. Pour le sénateur, l'industrie hollywoodienne n'a pas accompli les efforts réclamés par la FTC. Il a récemment demandé officiellement le soutien du Président Georges W. Bush. Son but : que les décideurs hollywoodiens soient tenus responsables d'une promotion inadaptée de certains films auprès des plus jeunes. Joe Lieberman souhaiterait voir la FTC investie d'un pouvoir de sanctions financières, ce qui passe par un vote du Congrès. Selon ses mots, "ce n'est pas de la censure, c'est du bon sens".

    L'avis des professionnels et du Président Bush

    La MPAA (Motion Pictures Association of America), qui défend les intérêts du cinéma américain, s'est déclarée hostile à ce projet. Selon son président Jack Valenti, de telles mesures conduiraient les producteurs à ne pas soumettre leurs films à la procédure de classement. Autre groupement à critiquer le projet du sénateur Lieberman, le Creative Coalition. Cette association de professionnels a envoyé une lettre de protestation au sénateur démocrate. Parmi les signataires, on compte Lauren Bacall, Robin Williams ou encore Ben Stiller. Selon William Baldwin, co-président de cette association, "que le gouvernement joue un rôle dans la définition de ce qui peut être un divertissement acceptable est une forme de censure."

    Le Président Bush s'est montré sensible à ces arguments et a tacitement refusé son soutien à Joe Lieberman. Selon l'attaché de presse de la Maison Blanche, Georges W. Bush préfèrerait travailler directement avec les dirigeants de l'industrie du divertissement. La lutte de Joseph Lieberman et Hilary Clinton pour l'adoption de cette loi se fera donc sans le soutien présidentiel.

    H.S.P.

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