L'un des derniers bastions de l'industrie cinématographique chinoise vient de tomber. Yang Buting, président de China Film, a annoncé la fin du monopole de la distribution en Chine, exercé par sa compagnie.
Cet effort de la Chine marque un pas dans ses relations commerciales internationales, au moment même où la Chine négocie son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'annonce, effectuée dans le cadre du Festival international du film de Shangaï, a logiquement été bien accueillie par les majors américaines. Hollywood faisait pression depuis un moment sur la Chine pour obtenir une ouverture plus large du marché dans l'optique, naturellement, d'en profiter.
Jusqu'à l'an dernier, seuls 10 films étrangers pouvaient être distribués en Chine. Ce quota est très récemment passé à 20. Hollywood espère maintenant faire grimper ce chiffre jusqu'à 40, et l'on murmure que ce chiffre pourrait être atteint une fois la Chine entrée dans l'OMC. Concrètement, peu d'informations ont filtré sur les modalités de ce changement. China Films conservera l'exclusivité de l'importation des films, et restera donc l'interlocuteur unique des sociétés étrangères. La firme pourrait être divisée en deux entités juridiques différentes : l'une s'occuperait des importations, et l'autre de la distribution.
Sur le nombre de société de distribution, peu d'informations encore. Six licences pourraient être attribuées par le gouvernement. Plusieurs sociétés se sont déjà déclarées intéressées, dont Beijing , Shangaï et Changchun, trois studios-clés chinois, qui envisagent ainsi de créer des majors se rapprochant du modèle américain. Ces sociétés pourraient alors profiter de l'ouverture du marché interne, et permettre le développement de l'industrie cinématographique chinoise. Et là encore, le marché est important : nombreux sont les films chinois à ne pas être distribués dans leur pays. Et quand ils le sont, rares sont ceux qui obtiennent un succès au box-office. Pour donner un élan à ce secteur, les industriels espèrent que le gouvernement autorisera les investisseurs étrangers à prendre des parts dans ces sociétés de distribution.
Un marché encore inexploré
Pour mémoire, la Chine représente un marché potentiel de 1,2 milliards de spectateurs, et reste à l'heure actuelle le plus gros marché inexploité au monde. L'ouverture de ce marché nécessitera des investissements, pour moderniser la distribution, mais aussi l'exploitation, le maillon suivant de la chaîne, en lui offrant les structures adéquates.
Cependant attention : pour que la Chine devienne le nouvel eldorado hollywoodien, les états-majors marketing devront redoubler d'ingéniosité. Si pour le moment Titanic est le plus gros score au box-office chinois, avec 44 millions de dollars de recettes, c'est bien peu au regard des 1,9 milliards de dollars rapportés à travers le monde, surtout en comparaison avec le potentiel du pays. De plus, en vertu des accords de distribution passés, la recette nette du film n'aura été au final que d'environ 5 millions de dollars en Chine. Bien des efforts restent à faire pour conquérir la Grande Muraille !
F.M.L