Qu'il est difficile de parler de sexe en Ohio ! Wayne Wang vient d'en faire l'expérience. Son dernier film, The Center of the world, a en effet été diffusé dans une salle de Cincinnati... censuré ! Sans bien sûr avoir la permission du réalisateur. La ville de Cincinnati est donc fidèle à sa réputation de "ville prude", qui compte parmi ses "victimes" Larry Flint, le patron de Hustler, ou encore le photographe Robert Mapplethorpe.
Curieusement, le cinéma Esquire était l'un des rares à projeter dans la ville des films non classés par le MPAA (l'équivalent de notre Commission de classification des films). Mais cette fois, il a cédé à la censure en coupant 5 secondes d'une scène dans laquelle une strip-teaseuse se livre à "une scène obscène". La jeune femme déguste une sucette en plein show. Elle écarte légèrement les jambes, introduit le bonbon dans son sexe, puis le fait lécher à un homme qui assiste au spectacle. Lors de la présentation du film au dernier Festival de Cannes, Wayne Wang s'était déjà expliqué sur la présence au montage de cette seule scène véritablement "chaude" dans ce Pretty woman érotique : "J'y tenais vraiment car c'est une scène qui reflète vraiment le quotidien des strip-teaseuses".
L'affaire a bien évidemment déclenché les foudres d'Artisan Entertainment, distributeur du film : "Artisan ne peut et ne tolèrera pas que les exploitants prennent leurs propres décisions et altèrent nos produits. Si ils choisissent nos films, nous attendons d'eux qu'ils les exploitent entièrement", explique Paul Pflug, porte-parole de la société. De son côté Gary Goldman, propriétaire du cinéma, déclare qu'il a eu peur de mauvaises réactions de la part de la communauté très conservatrice du quartier : "J'ai trouvé cet acte dégradant pour la femme et plus violent que les standards habituels", avant de reconnaître : "Sérieusement, j'ai mal jugé et j'aurais plutôt dû choisir de ne pas projeter le film".
F.M.L