Le Centre National de la Cinématographie a publié le 9 mai son rapport annuel, à l'occasion du Festival de Cannes. Il permet de dresser le bilan de la situation du cinéma français pour l'année 2000. Deux tendances prédominent : en 2000, la fréquentation a augmenté en France mais la part du cinéma français a reculé.
La fréquentation cinématographique en Europe
La France enregistre une augmentation de 8,1% de sa fréquentation en 2000 (166 millions de spectateurs).
Une hausse que le CNC explique par le développement des multiplexes, la modernisation du parc de salles et par le lancement de la carte d'abonnement illimité. Les détenteurs de cartes illimitées ont réalisé 4,5 millions d'entrées, soit 2,7% de la fréquentation totale.
La fréquentation augmente certes, mais les spectateurs consomment massivement des productions américaines.
Dans le reste de l'Europe, la fréquentation a connu une légère baisse, tout comme aux Etats-Unis et au Japon. La situation n'est toutefois pas uniforme.
En Allemagne, la fréquentation est en hausse : 152,5 millions d'entrées en 2000 contre 149 millions en 1999, mais la part de marché du cinéma allemand est passée de 14% à 12,5%.
Nos voisins espagnols connaissent une certaine stabilité de la fréquentation (131,3 millions en 1999, 131,5 millions en 2000) mais voient également baisser la part de marché du cinéma espagnol (qui passe de 13,9% à 10,1%).
L'Italie connaît en revanche une baisse sensible de sa fréquentation (103,5 millions de spectateurs en 2000 contre 118,5 millions en 1999).
Le Royaume-Uni se porte bien, aussi bien en termes de fréquentation : 142,5 millions d'entrées en 2000 contre 139,1 en 1999, qu'en termes de part de marché national qui passe de 16,5% pour 1999 à 19,6% en 2000.
La part du cinéma français
En effet, malgré le succès au box-office de films tels Taxi 2 (plus de 10 millions d'entrées), Le Goût des autres ou Les Rivières pourpres, la part du cinéma français est en baisse avec 47,3 millions d'entrées en 2000 (28,5% de parts de marché) contre 49,8 millions en 1999 (32,4% de parts de marché). Difficile de résister à l'artillerie lourde déployée par les studios américains : Sixième sens (7,73 millions d'entrées), Gladiator, Toy story, Dinosaure ou encore Mission impossible : 2.
Production et distribution
La tendance est à la baisse en ce qui concerne la production : 171 productions françaises en 2000 contre 181 en 1999 et 183 en 1998. Mais selon le CNC, le niveau de production reste élevé car sur dix ans le nombre moyen de films agréés est de 149 par an.
La production est certes en baisse mais les investissements progressent : le total des capitaux investis est passé de 4,54 milliards de francs (692 millions d'euros) en 1999 à 5,27 milliards de francs (803 millions d'euros) en 2000.
Quant à la distribution, elle est plus dynamique que jamais : 544 longs métrages ont été projetés en 2000 contre 525 en 1999. Un chiffre record selon le CNC : "Il faut remonter au début des années 1980 pour constater un tel afflux de nouveautés sur les écrans."
Dépenses des ménages en audiovisuel
Les dépenses des ménages dans le domaine de l'audiovisuel ont augmenté de 8,1% en 2000, pour atteindre plus de 42 milliards de francs (6,48 millions d'euros) soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Pour autant, les ménages ne dépensent pas plus en matière de cinéma, bien au contraire ; la part du cinéma a diminué régulièrement passant de 46% des dépenses à 14% en 2000.
E.M. avec AFP