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    Violence : Jack Valenti s'énerve

    Jack Valenti est intervenu dans le débat sur la violence dans les produits culturels et dans les campagnes marketing qui assure leur promotion.

    Depuis presqu'un an, l'industrie du divertissement est mise à mal par la Federal Trade Commission, un organisme gouvernemental chargé de surveiller les pratiques commerciales. Et tout comme la musique et les jeux vidéo, Hollywood est dans la ligne de mire. Motif : la violence. Accusé : le marketing. L'été dernier, la FTC avait publié à la demande du président Clinton un rapport détonnant et très accablant, qui avait mis en lumière de nombreux dysfonctionnements dans les politiques marketing à l'égard des mineurs. On apprenait ainsi que 46 % des cinémas testés laissaient entrer des jeunes non-accompagnés d'adultes pour des films classés R (interdits aux moins de 17 ans), bien que leur présence soit exigée. Mais pire encore, les projections-tests de ces films incluaient des enfants...

    Devant un tel constat, les industriels ont bien été obligés de plaider "coupable". Seul problème : leurs bons sentiments se sont arrêtés là, et personne n'a vraiment tiré les leçons de cette affaire. A part quelques bonnes paroles et belles intentions dans le courant de l'automne 2000, les campagnes marketing sont restées violentes, et accessibles aux mineurs. Du coup, la FTC a mis en chantier un second rapport. C'est à la veille de sa publication que Jack Valenti, le président de la très respectée Motion Picture Association of America (MPAA), l'organisme qui attribue les classifications aux films, s'est exprimé le 23 avril.

    Aux grands maux les grands remèdes : pour régler la question du contenu violent des films, Jack Valenti n'a pas hésité à en appeler au premier amendement de la Constitution américaine. Le président de la MPAA a rappelé qu'"il n'y avait rien de plus important que la liberté d'expression, de raconter une histoire, de composer une chanson, d'écrire un livre, de peindre, de créer un programme télévisé ou écrire un film, de la façon dont le décide l'artiste." Traduction : laissez les créateurs s'exprimer, nous (le MPAA) nous chargerons de classifier correctement les films.

    Reste alors la question de l'accès des mineurs aux contenus violents et destinés aux adultes. Dans son discours, Jack Valenti s'est très clairement opposé à l'instauration d'une loi limitant les pratiques des industriels, tout en rappelant l'urgence d'une auto-régulation au sein des secteurs concernés. Mais il a aussi attiré l'attention sur la responsabilité des parents, en ce qui concerne l'accès des enfants à un contenu qui ne leur est pas destiné. En appelant à un retour à plus de morale, il a insisté sur la nécessité de ne pas déresponsabiliser les parents, qui ont leur rôle à jouer : "si les parents, l'Eglise et les professeurs n'assument pas entièrement leurs responsabilités, si la morale est trop mollement enseignée, alors aucune loi ni aucune directive ne pourra modifier le comportement des enfants." En dépit d'arguments parfois démagogiques servant la cause hollywoodienne, Jack Valenti a néanmoins élargi la question de la violence à la sphère personnelle, jusque-là oubliée dans le débat. L'affaire est à suivre...

    F.M.L.

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