Hollywood trinque et le porno pavoise. Les grèves des acteurs et des scénaristes qui se profilent à l'horizon de la capitale du cinéma a eu, en effet, des conséquences inattendues pour l'industrie pornographique.
Les maisons de production de films X ont été inondées de demandes d'embauche émanant de techniciens et de comédiens de séries B (films à moindre budget généralement tournés dans l'urgence), cherchant à éviter la période de chômage et d'incertitude qu'engendrerait inévitablement le déclenchement d'une grève cet été.
Les demandes touchent tous les secteurs. "Nous avons des candidatures qui vont de la rédaction de bases de données aux places de directeurs exécutifs" explique ainsi un responsable d'une société de productions spécialisée dans les spectacles pour adultes. Caméramen, éclairagistes ou encore preneurs de son en provenance directe d'Hollywood se retrouvent ainsi sur les plateaux de tournage de films pornographiques. De même que de nombreux acteurs de série B, qui demandent cependant à apparaître dans des rôles "non-sexuels".
Cet afflux soudain de main-d'oeuvre surqualifiée (en tout cas par rapport aux critères en vigueur dans la profession) arrange les producteurs de films X, souvent à la recherche de techniciens. La maison Hustler (éditrice du célèbre magazine pour hommes mais aussi productrice de films X) produit, en effet, une moyenne de six films par mois, nécessitant ainsi pas moins de 120 collaborateurs de tous ordres.
Mais pour providentielle qu'elle soit, cette solution paraît difficilement tenable à long terme. D'une part parce que les salaires en vigueur dans le monde du porno sont largement inférieurs à ceux pratiqués dans le cinéma "classique" (un producteur de films X gagne, par exemple, une moyenne de 18 000 francs par tournage alors que son équivalent hollywoodien empoche, lui, de 350 000 à près de 550 000 francs). Tout semble par ailleurs indiquer que ces emplois sont des solutions à court terme pour un problème à court terme et que la plupart des nouveaux arrivants s'en retourneront à Hollywood sitôt les éventuelles grèves terminées.
T.C.