Mon compte
    L'avenir du cinéma européen

    AlloCiné a rencontré Viviane Reding, le commissaire européen en charge de l'audiovisuel. Elle nous a livré ses priorités en matière de cinéma en 2001.

    A l'occasion de la mise en place du nouveau programme audiovisuel Media + de l'Union européenne, AlloCiné a rencontré le commissaire européen Viviane Reding en charge, depuis 1999, de l'éducation et de la culture et plus particulièrement de l'audiovisuel.

    Cette Luxembourgeoise, journaliste de formation, aime résumer son rôle en faveur du cinéma par ces termes : "je suis là pour faire voyager les films, pour qu'un film français soit vu en Allemagne, un film allemand en Grèce, un film grec en Suède. Je suis là aussi pour me mêler de la survie de nos cinémas en Europe."

    Comme tous les autres membres de la Commission européenne, Viviane Reding doit élaborer des propositions de lois en concertation avec les gouvernements des Etats membres. Et pour mettre fin à la polémique qui resurgit régulièrement sur l'intervention de l'Union européenne dans ce qui relève de la souveraineté des pays, elle ajoute : "nous ne nous mêlons pas de ce qui dépend des Etats membres, mais il y a des règles de cohabitation à respecter".

    Quant à la question du financement national des films que les Français craignaient de voir disparaître, Viviane Reding réaffirme les positions adoptées en novembre par le Conseil de l'Europe, annonçant même la publication prochaine d'un nouveau texte : "je vais publier dans quelques mois une communication sur les règles juridiques qui doivent être le fondement de la subvention étatique donnée au film dans tous les Etats membres. Il y a quelques pays qui ont un gros marché potentiel comme la France, l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne ou l'Allemagne et d'autres pas. Si on veut avoir un film en lapon, en grec ou en suédois, il faut subventionner davantage les "petits pays", et là tous les ministres européens sont d'accord. Rappellons néanmoins que le sort des aides des Etats ne dépend pas uniquement de la commission européenne mais aussi de Mario Monti qui se trouve à la tête de la Direction Générale de la concurrence.

    Outre ce nouveau texte, Viviane Reding entend reprendre les grandes lignes du précédent programme Media initié en 1996 qui consistait en quatre points : l'aide à la formation des professionnels, au développement de projets, à la distribution et à la promotion des films :"ce qui marche bien, on le renforce, comme l'action en faveur du développement des films. Dans le développement, on inclut déjà la promotion et la distribution parce qu'il faut penser, dès le départ, à ce que le film ait une chance de voyager. Nous voulons de plus en plus de coproductions européennes, et pour cela nous allons européaniser la formation des professionnels, des futurs réalisateurs. Ainsi, les écoles de cinéma qui seront soutenues par Média devront avoir plus de 50 % de citoyens européens pour que les futurs cinéastes fréquentent, dès le départ, d'autres européens, les coproductions viendront ensuite naturellement".

    Viviane Reding a déjà dressé un bilan de l'ancien programme qu'elle estime positif :

    "1 700 oeuvres ont pu être développées grâce au plan Média, 2 000 professionnels du cinéma ont pu être formés, 350 salles en Europe mises en relation les unes avec les autres pour présenter des films européens."

    Autre résultat réjouissant, l'augmentation du nombre de films distribués hors de leurs frontières nationales : "on a réussi en quatre années à faire doubler le nombre de films européens vus dans un autre pays que celui de la production. On est passé de 12 à 23 %. Mon but est de doubler encore une fois le nombre de films qui voyage en Europe. Il faut que le film ait plus de revenus pour qu'on crée des postes de travail, mais cela permettra aussi de faire connaître la diversité culturelle des Européens qui est la véritable richesse de nos peuples".

    Et pour faire connaître au grand public l'action de l'Union européenne en faveur du cinéma, Viviane Reding a créé l'année dernière le prix Media remis durant le Festival de Cannes à une première ou seconde oeuvre ayant eu du succès dans un maximum de pays membres. En 2000 la récompense fut attribuée à Fish and Chips de Damien O'Donnell et on murmure que le prix 2001 pourrait bien être décerné à Billy Elliot de Stephen Daldry. Mais Viviane Reding ne viendra pas seule sur la Croisette : elle sera accompagnée de banquiers susceptibles de s'impliquer dans la toute nouvelle Banque européenne d'investissement qui aide à la production de films : "j'ai invité des banquiers à Cannes pour leur montrer que le Festival ce n'est pas seulement des paillettes, mais c'est du sérieux, c'est un marché, c'est du solide. Je veux que les banquiers prennent confiance et qu'ils investissent dans ce produit extraordinaire qu'est le film européen."

    Le programme Media + étant doté d'un budget de 400 millions d'euros, l'action de l'Union européenne restera limitée, même si Viviane Reding souhaite mettre en chantier d'autres projets : "nous avons déjà perdu à jamais des chefs-d'oeuvre cinématographiques et nous avons une responsabilité envers les prochaines générations. Je ne pense pas que les Etats auront suffisamment d'argent pour investir là-dedans. Je rêve d'un grand Fonds européen pour la préservation du patrimoine cinématographique".

    Avant de se pencher sur la conservation du patrimoine audiovisuel, Viviane Reding s'appliquera donc à défendre l'avenir du cinéma européen.

    A.C.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top