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    José Maria Riba

    José Maria Riba, l'organisateur de la Semaine internationale de la critique, section parallèle du Festival de Cannes, nous commente la sélection du jury.

    José Maria Riba est journaliste à l'Agence France Presse. C'est la seconde année qu'il sera à la tête de la Semaine internationale de la critique.

    Ken Loach sera le parrain de la Quarantième semaine de la critique. Comment a-t-il été choisi ?

    C'est le même principe que l'an dernier avec Bernardo Bertolucci. C'est un jeu. Nous donnons la possibilité aux jeunes réalisateurs sélectionnés de côtoyer un grand cinéaste qui était dans la même situation qu'eux. C'est un cadeau : ils vont manger ensemble, voir le film et en parler après. Peut-être vont-ils s'échanger leurs cartes de visites et s'appeler par la suite.

    En 40 ans, il y a eu un grand nombre de réalisateurs qui sont passés à la Semaine. On a fait la liste et on se rend compte qu'elle est impressionnante. Ken Loach représente un côté rebelle, libre, qui nous intéresse. En tant que journaliste, nous avons une ligne de conduite qu'on aimerait voir parallèle à celle du cinéaste anglais. Pour nous, c'est un parrain extraordinaire.

    Il va interrompre la post-production de son dernier film (The Navigators) pour venir deux-trois jours à Cannes : pas pour le public, pas pour les journalistes mais pour les réalisateurs de la Semaine.

    Michel Piccoli présentera son second film La Plage noire en ouverture...

    C'est un monument : il incarne le cinéma. J'ai eu le bonheur de faire partie avec lui du jury de la Caméra d'or. Il a donné une leçon de courage, de droiture et de mémoire.

    Le nouveau cinéma n'est pas le monopole des jeunes. Très souvent, il faut un certain âge pour se permettre certaines choses.

    Comment décririez-vous la sélection 2001 ?

    Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. L'an dernier, on avait l'impression de détenir très tôt une bonne sélection. Cette année, les choses se sont précipitées vers la fin. On a démarré au ralenti, puis le dernier mois a été terrible. Je pense que cela a été la même chose pour les autres sections.

    Il y avait quinze films d'un bon niveau. En tout cas, nous n'avons fait ni du remplissage ni du calcul géographique. Nous avons pris dans l'ordre les sept films qui nous plaisaient. Au final, cela donne trois films européens, deux films asiatiques, un film canadien. Il y a toujours des absents : c'est le cas des Etats-Unis qui auraient pu être représentés si on avait sélectionné douze films.

    Au niveau du contenu, c'est le retour à des histoires individuelles qui vont vers l'universel.

    Le Pornographe est le seul film français sélectionné. Comment l'avez-vous choisi ?

    C'est un coup de coeur. On aurait pu prendre plusieurs films français car ils étaient d'un haut niveau.

    J'avais vu le premier film de Bertrand Bonello, Quelque chose d'organique, qui était déjà un OVNI. C'est là qu'on a découvert Laurent Lucas (Harry, un ami qui vous veut du bien).

    L'idée du Pornographe est superbe. Un homme qui faisait du cinéma porno dans les années 70 a besoin d'argent. Il se remet à faire des films. Le fils, qui avait honte de son père, essaie de se réconcilier avec lui. Jean-Pierre Léaud est extraordinaire.

    Ce qui nous a séduit, c'est que le cinéaste va jusqu'au bout sans être voyeur. J'espère que les gens ne vont pas s'attarder sur des aspects qui sont pour moi secondaires comme le fait qu'il y ait des pénétrations réelles.

    Comment décririez-vous la sélection de courts métrages ?

    On propose cette année un mélange. Il y a des gens qui méritent d'être connus et des personnes qui le sont déjà et qui ont envie de s'essayer aux courts métrages comme Percy Adlon. La cinémathèque corse, par exemple, nous a amené un court métrage de Jacques Tati sur un match de football.

    La section courts métrages est un vivier. On leur donne une petite visibilité.

    Autre initiative : des films Web seront présentés. C'est quelque chose qui me dépasse. Je suis très intéressé par des gens qui conçoivent des films pour l'Internet.

    Les femmes sont absentes de la sélection. Seule une réalisatrice sera présente, en clôture (Marion Hänsel avec Nuages). Pourquoi ?

    On s'en est rendu compte la veille de l'annonce de la sélection. Je ne suis pas content de cela. Il y avait des films de femmes parmi lesvingt présélectionnés. Ce que je peux dire, à notre décharge, c'est que nous avons choisi des films, pas des pays ou des coups médiatiques.

    L'an prochain on essaiera de faire mieux...

    Photo : © AlloCiné

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