Aujourd'hui sort à Paris au Studio des Ursulines une sélection de neuf courts métrage réunis sous le titre de "Mémoire en courts". AlloCiné a rencontré le programmateur de cette manifestation Yann Goupil à l'Agence du court métrage.
Celle-ci a été créée au début des années 80 et aussitôt, une demande récurrente lui est adressée : celle d'avoir accès à des courts métrages anciens. L'idée s'impose peu à peu de promouvoir des films courts conçus à une époque où ce format n'était pas reconnu et qui constituent un véritable patrimoine cinématographique. Yann Goupil ajoute :
"C'est un héritage, l'Agence n'est pas tombée du ciel, elle s'est créée après une histoire et finalement c'était un juste retour des choses de travailler sur ces films et sur les gens, notamment Pierre Braunberger, qui ont oeuvré pour la défense du court métrage".
Car piocher dans les oeuvres financées par Pierre Braunberger, producteur de plus de 400 courts et révélateur de cinéastes talentueux, devient vite une évidence. De plus, sa femme et sa fille sont prêtes à collaborer sans exiger de droits d'auteur, et les distributeurs de ses films acceptent le principe de la manifestation. Le recours à l'Agence pour le développement régional du cinéma a ensuite permis de tirer des copies neuves.
Au final, c'est un panel très varié de neuf films courts qui ont été mis bout à bout en fonction de leur rythme et de leur style. Du film industriel de commande magnifié par Alain Resnais avec Le Chant du styrène, à Tous les garçons s'appellent Patrick, véritable banc d'essai de Godard sur un scénario d'Eric Rohmer, en passant par le documentaire L'Amour existe de Maurice Pialat qui filme sans concession la laideur des banlieues, tous les genres du court sont représentés.
Mais leur point commun, outre leur producteur, c'est l'époque à laquelle ils ont été conçus, les années 50 et 60 :
"ils reflètent une époque, celle de la nouvelle vague, même si certains cinéastes comme Jean Rouch étaient là avant. Pierre Braunberger fait beaucoup tourner les réalisateurs et comprend qu'il y a quelque chose à changer dans le cinéma français. Il est ouvert à toutes les propositions et son intelligence a fait qu'il a tourné avec les plus grands. Il demande à des cinéastes d'aller là où on ne va pas d'habitude et il y a une volonté collective de faire du cinéma. (...) A cette époque, les réalisateurs font des films très vite, à chaque plan ils essaient quelque chose, il y avait sûrement plus d'invention qu'aujourd'hui où l'on peut remarquer une certaine standardisation des courts".
Pour Yann Goupil, ces courts sont une mémoire vive : "je ne pense pas que ces films aient vieilli. Au contraire, je crois qu'ils nous aident à comprendre le cinéma actuel et la société de l'époque".
A.C.