Mon compte
    Isao Takahata

    Allociné a rencontré Isao Takahata, le réalisateur de "Mes voisins les Yamada", la dernière production des studios Ghibli ("Princesse Mononoké").

    Après le succès de Porco Rosso et de Princesse Mononoké, la dernière production des studios Ghibli est sortie mercredi dans les salles. Avec Mes voisins les Yamada, Isao Takahata (le réalisateur du Tombeau des lucioles) dépeint, avec humour et tendresse, le quotidien d'une famille japonaise traditionnelle.

    Allociné : Comment vous est venue l'idée de faire ce film ?

    Isao Takahata : En fait, l'idée n'est pas de moi, elle vient de Toshio Suzuki (producteur du film et président des studios Ghibli). Il y a quelques années, nous étions chez moi, et nous discutions de choses et d'autres, notamment de la famille. A cette époque, toutes sortes d'incidents mettant des jeunes en cause se produisaient au Japon. A chaque fois, la source du problème était la rupture des liens familiaux. Il avait un projet de film sur ce sujet depuis longtemps et il a pensé que c'était le bon moment pour le réaliser.

    Vous avez donc voulu faire passer un message social à travers ce film.

    Oui, il y a certainement un message social, mais il s'agissait surtout de faire rire le spectateur et, par le rire, de lui faire prendre conscience de ces problèmes. On a voulu provoquer un rire révélateur.

    Il me semble que le film est adapté d'une bande dessinée de Hisaichii Ishi. Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées dans cet exercice d'adaptation ?

    Quand Toshio Suzuki m'a proposé ce projet, il ne pensait pas à un long métrage, personne ne pouvait l'imaginer. Il faut savoir que la bande dessinée originale est très courte, ce sont des petites histoires de quatre vignettes. La plus grande difficulté était donc d'adapter ce type de récit en format long, tout en prenant garde de ne pas obtenir quelque chose de plat qui aurait perdu tout intérêt. Le cinéma est un art du temps : alors qu'en bande dessinée le facteur temps n'est pas contraignant, le lecteur lit à son rythme, au cinéma, c'est une contrainte majeure.

    Le rythme que vous avez imposé dans ce film est très différent de ce que l'on a l'habitude de voir. Vous n'avez pas peur de perturber les spectateurs avec cette succession de petits sketchs ?

    Si, bien sûr, mais c'est un risque que j'ai pris. En fait j'ai voulu faire un parallèle avec la tradition japonnaise du Haiku. Elle consiste à se rassembler pour dire des petits poèmes à tour de rôle. Chaque poème représente une unité indépendante, mais tous les poèmes mis bout à bout forment un ensemble, une séquence poétique. J'ai donc pensé qu'il serait intéressant d'appliquer cette structure particulière issue du Haiku à Mes voisins les Yamada.

    Pourquoi avez vous choisi un type de dessin aussi simple, presque naïf ?

    Avec le trait le plus minimaliste possible, je n'ai pas voulu obtenir quelque chose de réaliste, je voulais évoquer l'existence et non la décrire en détail. J'ai voulu montrer une réalité à laquelle on n'a pas accès directement, une réalité qui se trouve en retrait. D'ailleurs, la plus part des poètes de Haiku pratiquait le Haiga, un style de dessins minimalistes qui illustraient leurs poèmes et stimulaient l'imagination.

    M.B.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top