La liberté d'expression en danger aux Philippines. 2 000 membres de l'industrie du spectacle du pays accompagnaient, lundi dernier, les stars du cinéma érotique et pornographique local lors d'une manifestation dirigée à l'encontre de la nouvelle présidente philippine Gloria Arroyo, âgée de 53 ans.
Au centre des débats et de cette protestation, la censure autour du film Live Show de Jose Javier Reyes (Batang PX), dans lequel des hommes et des femmes se livrent à des spectacles scéniques d'actes sexuels afin d'échapper à la pauvreté de la rue. Présenté et acclamé dans de nombreux pays et festivals internationaux (dont le prestigieux Festival de Berlin), Live Show a pourtant été retiré et interdit dans les cinémas locaux.
Les protestations et critiques vis-à-vis du gouvernement se font d'autant plus fortes que l'Eglise catholique locale, très puissante, a vivement critiqué ce film par la voix de son leader Jaime Cardinal Sin, et aurait ainsi fortement influencé la présidente. De plus, selon ses plus farouches détracteurs, Gloria Arroyo, qui avait contourné l'avis du chef de la censure (entraînant ainsi sa démission) en interdisant le film, n'aurait même pas pris la peine de le voir... D'où un certain énervement compréhensible de la part de l'équipe du film et des professionnels du cinéma vis-à-vis du chef du gouvernement.
Un gouvernement dont les membres, parmi lesquels Alejandro Roces (le président du Movie and Television Review Classification Board, le CSA local), jugent Live Show comme une Oeeeeeuvre dégradante, honteuse, amorale mais également dangereuse pour le public. Selon eux, de tels films entraîneraient des comportements violents : Alejandro Roces prenait ainsi l'exemple d'un garçon ayant violé une jeune femme après avoir vu, selon la presse locale, Live Show...
Cette crise grandissante doit être résolue le plus rapidement possible par Gloria Arroyo. En effet, selon les analystes politiques, elle pourrait largement (en cas de non-résolution) desservir les candidats du parti au pouvoir lors des prochaines élections législatives qui se tiendront au mois de mai prochain.
Y.S. avec Reuters