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    Miramax et les Oscars : c'est fini !

    Chez les indépendants, le grand vainqueur des Oscars n'a pas été Miramax, reparti bredouille, mais Sony Pictures Classics et USA Films.

    A force de se suivre, les années finissent par ne plus se ressembler. Depuis 1988, Miramax était chaque année oscarisé. Et bien c'en est fini de cette "habitude" : dimanche soir, le studio des frères Weinstein est reparti bredouille de la cérémonie. Une débandade accentuée par la réussite de la concurrence, qui confirme la fin du règne absolu de Miramax sur le marché des films à petit budget...

    L'absence d'Oscars n'est pas une véritable surprise, dans le sens où aucun des cinq nominés n'était favori dans sa catégorie. Pourtant, Miramax avait tenté le tout pour le tout, dépensant des millions de dollars en publicité, et en effectuant tout le lobbying possible pour convaincre les votants. Las ! Ni Le Chocolat de Lasse Hallström, double nominé dans les catégories Meilleur Film et meilleure actrice pour Juliette Binoche, ni les films étrangers Le Goût des autres d'Agnès Jaoui et Malèna de Giuseppe Tornatore, ni Vatel pour ses décors n'auront décroché la statuette dorée tant convoitée.

    En revanche, l'absence de résultats est plus embêtant pour Miramax d'un point de vue strictement business. Ce mauvais résultat du studio, et plus encore le succès de Sony Pictures Classics, avec cinq Oscars - quatre pour Tigre et dragon d'Ang Lee, et une pour Pollock d'Ed Harris - et de USA Films - avec quatre oscars pour Traffic - confirme une mutation du marché chez les indépendants. Bien que rachetée par Disney, la firme était réputée jusque-là comme LE studio indépendant aux Etats-Unis, réputation fondée sur son aptitude à porter des petits films vers les sommets du box-office et de la rentabilité, ce qui allait de paire avec les honneurs. La firme des frères Weinstein perd du terrain sur son créneau, et subit désormais pleinement la concurrence des autres compagnies spécialisées dans ce secteur.

    Et d'autres compagnies développent également ce marché puisque de son côté, la Fox a largement investi dans la formation de jeunes talents, via sa filiale Fox Searchlight. La production et la distribution de films indépendants a, en effet, tout d'un Eldorado : avec un coût souvent compris entre 20 et 50 millions de dollars alors que le budget moyen d'un film américain est aujourd'hui de 57 millions de dollars, les films indépendants sont plus faciles à rentabiliser. Et en cas de succès, le jackpot peut être conséquent, à l'image de Scary Movie : le film, produit pour 19 millions de dollars, en a rapporté 143 lors de son exploitation en salles. Avec moins de risques et plus de profits possibles, il était logique que le marché finisse par être exploité par les studios... qui sont bien partis pour maîtriser le filon.

    F.M.L.

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