Benoît Delmas lit un livre par jour. Une habitude qui a débuté il y a 6 ans, lorsqu'il était directeur littéraire chez le producteur Charles Gassot. Avec Didier Creste, producteur, il a fondé en mai, Pitch, une société de développement spécialisée dans l'écriture de scénarios pour le cinéma ou la télévision. Elle développe une idée ou adapte un roman, trouve le réalisateur, le scénariste et cherche des partenaires financiers. Une initiative unique en France.
"Le cinéma français touche environ 4,5 milliards par an et ne consacre que 2 % aux scénarios, dans le meilleur des cas", explique Benoît Delmas. C'est en partant de ce constat que Pitch est née. Chez Charles Gassot qui a d'ailleurs remis cette année un rapport sur l'écriture à la ministre de la Culture Catherine Tasca, il lisait environ 800 scénarios en un an. "Aucun n'était bon. J'ai conseillé à Charles de procéder différemment : aller dans les festivals, au théâtre, lire des romans... On ne peut pas dire qu'on manque de talents en France. Il faut être un peu curieux, un peu audacieux, il ne faut pas chercher les superstars tout le temps. Il faut que les grosses maisons l'admettent".
Benoît Delmas a ensuite quitté Charles Gassot pour créer Télémanuscrit. Le but était de faire des films avec des romanciers comme Yann Moix (Jubilations vers le ciel, Anissa Corto) ou Nicolas Kieffer (Peau de lapin, Invisible).
Avec Pitch, il a plusieurs projets en cours. La société a acheté les droits de Berthe Morisot de Dominique Bona qui sera adapté par Nadine Trintignant et dont Marie Trintignant sera l'héroïne. Elle souhaite aussi adapter Anissa Corto de Yann Moix.
Benoît Delmas a également un projet avec Bernie Bonvoisin dont il a crit le synopsis. "Ce sera un thriller historique qui commencera le 31 décembre 1913 et s'arrêtera le 31 juillet 1914 lors de l'assassinat de Jaurès. L'idée est de faire 48 heures, thriller avec Eddie Murphy, au début du siècle. On aimerait réaliser un polar historique filmé de façon contemporaine", explique Benoît Delmas.
Pitch s'autofinance. Elle s'est donnée trois ans pour être autonome. "Nous sommes une société de développement, mais nous n'avons pas le droit aux aides de développement du CNC", regrette-t-il.
La société ne se veut pas un concurrent des maisons de production. "Il y a des producteurs extrêmement favorables à notre initiative, surtout la jeune génération. Cela coince un peu plus avec les producteurs confirmés. Pourtant, on est complémentaires. Je milite pour quelque chose que l'on trouve en télévision et qui explique le regain d'intérêt pour les téléfilms : il s'agit du poste de directeur littéraire. Cela n'existe pas au cinéma, mais il y en a à la télévision, comme aux Etats-Unis ou en Angleterre."
M-C.H.