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    Oscars : tout un business !

    A six semaines des Oscars, les états-majors des films en compétition rentabilisent leurs nominations, afin d'attirer toujours plus de spectateurs.

    Pour le grand public, Oscar rime avec stars, prestige et statuettes dorées. Mais pour les businessmen d'Hollywood, la course aux Oscars est aussi économique. Etre nominé aux Oscars permet de relancer la carrière d'un film, et les états-majors des studios l'ont bien compris. Depuis le 13 février, date de l'annonce des nominations, et jusqu'au 25 mars, date de remise des Oscars, les distributeurs ont exactement 6 semaines pour profiter de "l'effet nominations". Le temps est compté, car au soir de la cérémonie, il ne restera plus que les vainqueurs pour surfer sur la "vague Oscars".

    Le terrain privilégié des distributeurs reste les salles de cinéma. Chaque film nominé tente donc d'augmenter le nombre de copies sur lequel il est distribué. Ainsi, Chocolat de Lasse Hallström devrait passer ce week-end de 1 200 à 1 500 écrans, et espère atteindre les 2 000 copies le week-end des 24 et 25 mars. Le film sortira en France le 28 février prochain, et là aussi, on dénote un "effet Oscar" puisqu'il sera distribué sur 400 copies au lieu des 150 initialement prévues. La stratégie d'Harvey Weinstein, patron de Miramax, est claire : "partout où nous pourrons augmenter le chiffre en une semaine ou deux, nous le ferons." Le film n'a rapporté, pour le moment, que 26,6 millions de dollars, et tout billet vert supplémentaire est bon à prendre.

    Les autres prétendants aux Oscars utilisent la même stratégie. Sony Pictures Classics, après avoir sorti timidement une première fois Tigre et dragon d'Ang Lee mi-décembre, pour le sortir massivement deux semaines plus tard en raison de son succès, continue d'alimenter les exploitants en copies : le film passera de 1 200 à 1 600 écrans entre cette semaine et le week-end des Oscars. Quant à Traffic de Steven Soderbergh, USA Films espère dépasser les 2 000 copies. Comme l'explique le porte-parole d'AMC, l'un des plus grands circuits de salles aux Etats-Unis, "généralement, l'effet est plus important pour les films nominés dans la catégorie Meilleur film." Et selon ses prédictions, les deux films les mieux placés pour bénéficier de ce boom de la fréquentation sont Chocolat et Tigre et dragon. En effet, ayant été moins médiatisés et moins distribués, ils attirent donc l'attention.

    Cela ne décourage pourtant pas les petits films, nominés dans les autres catégories, qui espèrent séduire les exploitants en usant du mot magique : "Oscars". L'infortuné Requiem for a dream, de Darren Aronofsky avait été victime de sa classification NC-17 (interdit aux mineurs non accompagnés) lors de sa sortie en salles, à l'automne. L'état-major d'Artisan Entertainment compte désormais sur la nomination d'Ellen Burstyn à l'Oscar de la Meilleure actrice pour se refaire une santé au box-office. Après avoir atteint un record de 93 copies, le film est actuellement distribué sur 35 écrans, mais espère atteindre le chiffre de 75 lors des prochains week-ends.

    Une fois n'est pas coutume, DreamWorks rompt la tradition du rush vers les salles obscures. Cela s'explique par la position de son film-phare, Gladiator de Russell Crowe. Sorti au printemps dernier, le film est déjà sorti en DVD, et en cassette vidéo à la location. DreamWorks envisage donc de créer l'événement en sortant le film en cassette vidéo à la vente le 13 mars, à deux semaines de la cérémonie des Oscars. Logiquement, les ventes devraient suivre... c'est, en tout cas, le pari pris par DreamWorks. Côté salles, le studio étudie une éventuelle ressortie sur un nombre minimal de copies de Gladiator, tout comme Universal, qui se trouve dans la même situation avec Erin Brockovich de Steven Soderbergh.

    F.M.L.

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