Dans Desperado, réalisé en 1995 par Robert Rodriguez, il tuait ni plus ni moins que Quentin Tarantino himself. Un an plus tard, dans Une nuit en enfer du même Robert Rodriguez, lui et son groupe se transformaient en vampires face à George Clooney, Quentin Tarantino (encore lui) et Harvey Keitel. Depuis ces deux films qui l'ont révélé au grand public, Tito Larriva mène simultanément de front deux carrières : la première musicale, avec son groupe Tito & Tarantula ; la seconde cinématographique, en côtoyant les plus grands du septième art.
Pour la sortie de Little bitch (Remedy Records), le troisième album de Tito & Tarantula, brûlot mêlant rock, punk et blues avec une intensité rare, le chanteur et sa formation étaient de passage à Paris. Pour AlloCiné, l'occasion était trop belle d'aller converser avec le Mexicain, qui, tout en nous faisant part de ses enrichissantes rencontres et de quelques anecdotes croustillantes, nous a révélé des projets cinéma pour le moins étonnants.
Tito, le film Une nuit en enfer a révélé votre groupe au grand public. Quelle expérience et quels souvenirs gardez-vous du tournage ?
Il y a eu beaucoup de moments géniaux durant la mise en chantier du film. J'ai participé au tournage durant deux semaines en tant qu'acteur. L'intérieur du bar, le Titty Twister, était construit à Los Angeles. On avait quatre heures de maquillage par jour pour nous transformer en vampires. Mais je pense que le moment le plus mémorable du tournage pour moi, c'était la scène où Salma Hayek dansait avec les serpents.
Elle était très timide les deux premiers jours. Tout le monde était sorti de la pièce, excepté le groupe, Salma et la caméra. On était donc très chanceux de la voir danser avec les serpents plus longtemps que n'importe qui d'autre. Il y avait beaucoup de jolies femmes sur le plateau, elles étaient nues tous les jours et... on était payés pour voir ça (rires) ! C'était vraiment un bon moment, une très belle expérience. Et bien sûr, la musique sur ce film était une bonne expérience pour moi.
Travailler sur Une nuit en enfer a également été génial, car on faisait partie d'un gros film. Quant à la chanson Afterdark, elle a été écrite bien des années auparavant, en 1981. Elle n'avait jamais été enregistrée et il y a eu ce moment, près de quinze ans après... J'étais avec Robert Rodriguez, qui était alors en train de travailler sur Desperado.
J'ai pris la guitare et j'ai commencé à jouer ce titre. Robert a dit : "C'est quoi, ça ?". J'ai répondu : "C'est une chanson qui parle d'un vampire". Et là, il dit : "Whaou, on est en train de faire un film de vampires !" Alors, il m'a filmé entrain de jouer cette chanson, puis je l'ai jouée à Quentin Tarantino et ils ont écrit cette scène avec les serpents. Il faut noter qu'à l'origine, il devait y avoir un juke-box et non un groupe. C'est comme ça que la scène a été écrite pour le film et je pense que c'est vraiment une bonne scène du film, un bon moment. Ce qui est vraiment génial, c'est tout le processus qui s'est déroulé avant le film : c'est la chanson qui a donné une idée et qui, finalement, a abouti à l'une des scènes d'Une nuit en enfer.
Vous êtes un grand ami de Robert Rodriguez et de Quentin Tarantino. Pouvez-vous nous décrire votre rencontre avec ces deux célébrités du septième art ?
En fait, j'ai rencontré Quentin en premier, dans un film intitulé Somebody to love, réalisé par Alexandre Rockwell, avec Rosie Perez, Anthony Quinn et Harvey Keitel. J'avais composé la musique de ce film et je jouais également dedans, tout comme Steve Buscemi. Quentin avait un petit rôle de barman. Il avait déjà réalisé Reservoir dogs à l'époque et c'était un bon ami d'Alexandre Rockwell. Un soir, j'ai dîné avec Alex et Quentin pendant environ deux heures et je crois bien que j'ai seulement pu placer deux mots parce que Quentin parlait tout le temps (rires). Lui et Alex n'arrêtaient pas de parler. C'est vraiment deux types intéressants, mais Quentin, en particulier, est très...dynamique.
Robert Rodriguez serait en train d'écrire Desperado 2. Etes-vous au courant?
Oui, il écrit Desperado 2. En fait, il vient juste de terminer Spy Kids, qui a demandé beaucoup d'effets spéciaux, et il a déjà été engagé pour réaliser une suite. Donc, il est entrain de réfléchir s'il va faire Desperado 2 avant la suite de Spy Kids ou non. On ne sait pas encore. Actuellement, il serait question de travailler sur Desperado 2 en milieu d'année prochaine. Ca peut changer, mais on travaille dessus. En tout cas, je vais faire quelque chose dans Desperado 2, je ne sais pas encore quoi, mais Robert a dit que je ferai partie du film. Comme ils m'ont déjà tué dans le premier, je serai peut-être un zombie, je ne sais pas.
A part Desperado 2, avez-vous d'autres projets pour le grand écran ?
Oui, je commence le tournage d'un film à la fin du mois d'avril, avec les mêmes producteurs que The Million dollar hotel. Ca s'appelle Q et le tournage aura lieu à Los Angeles. J'incarnerai Sancho Pança, et Peter Stormare (Fargo), un excellent acteur, interprétera le personnage de Don Quichotte. John Goodman devrait être dans le film, avec Steve Buscemi et d'autres stars... Je composerai également la musique de ce long métrage. Donc, c'est beaucoup de travail en perspective, et je pense que ça va être très excitant. On verra ce qui va se passer... En tout cas, pour incarner le personnage de Sancho Pança, je dois prendre du poids, et c'est pour cela que je suis venu à Paris (sourire).
Tout au long de votre carrière cinématographique, vous avez travaillé avec de nombreux grands acteurs et réalisateurs, comme George Clooney, Harvey Keitel, Mel Gibson, John Travolta, Wim Wenders ou Nick Cassavetes. Lesquels vous ont le plus marqué et pourquoi ?
J'ai eu une très bonne expérience avec John Travolta sur le film Eyes of an angel. C'était une grande star, et moi, je n'étais personne. J'avais fait quelques films dans lesquels j'avais de petits rôles. Mais là, c'était un grand rôle pour moi, j'étais un type méchant dans le film, un bad guy, et j'étais donc très nerveux. Je n'avais jamais rencontré John Travolta auparavant, tout le monde disait que c'était quelqu'un de pas très bien, alors qu'en fait, pas du tout. Il était très cool avec moi. Il m'a beaucoup aidé à m'intégrer dans les moments difficiles. Avec lui, j'avais l'impression qu'évoluer dans le business du cinéma était facile, alors que parfois, cela ne l'est pas.
Mais c'est génial que ces grandes stars soient toujours des êtres humains. Ca m'a fait me sentir bien sur le tournage. Et, bien sûr, j'ai travaillé avec des personnes que j'admire beaucoup, comme Quentin, par exemple. Je crois que l'un des meilleurs moments, c'est quand je lui ai tiré une balle dans la tête dans Desperado 2 (rires). Une nuit, même Steve Buscemi m'a dit, alors que je l'aidais à apprendre par coeur un monologue, qu'il aurait voulu tuer Quentin à ma place, qu'il aurait voulu que ce soit son rôle. C'était vraiment marrant de faire ça.
Vous avez une large filmographie derrière vous. Envisagez-vous une carrière plus importante au cinéma ou souhaitez-vous privilégier votre groupe ?
J'aime faire les deux. Je pense qu'à un certain moment, j'aurai probablement envie de me concentrer sur le cinéma parce que je suis dans l'industrie du cinéma depuis longtemps déjà, depuis plus longtemps que la musique. Même si je joue de la musique depuis mon adolescence, au niveau professionnel, j'ai fait du cinéma et de la télévision avant de former un groupe. Mais j'adore faire de la musique... Donc, je ne sais pas, en fait... Je ferais sans doute toujours un peu des deux.
Pour conclure, toujours concernant votre carrière cinématographique, êtes-vous tenté par la mise en scène ?
Oui, ça me tente. J'ai réalisé le clip de l'une de nos chansons qui s'appelle Slow Dream. Au départ, c'est Robert Rodriguez qui devait le diriger, mais il a dit : "non, non, c'est toi qui le réalise !". Il m'a beaucoup encouragé à le faire, c'est vraiment un super ami. Quand j'ai commencé à réaliser ce clip, je voulais l'appeler et lui dire: "Tu es fou !". Mais quand tu mets en scène, c'est tellement excitant, c'est comme une drogue, tu veux continuer...
Je comprends pourquoi des gens font ça, parce que c'est très intense. Je n'ai pas beaucoup d'expérience à ce niveau-là, mais ça me tenterait éventuellement. J'adore ça, et si j'avais le temps et l'argent nécessaire, je le ferais. Je connais déjà bien un scénario dans lequel un groupe de rock se transforme en vampires. Mais je ne pense pas que ce soit le genre de films que je voudrais faire (rires).
C.C.
Photo : © AlloCiné