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    Déclarations autour de "Traffic"

    "Traffic" continue d'alimenter la polémique. Après les propos peu flatteurs d'un sénateur sur le film, c'est l'auteur qui avoue son passé de drogué.

    Alors qu'il est largement encensé par les critiques et dans de nombreux Festivals de cinéma, le film Traffic (sortie française le 7 mars prochain) de Steven Soderbergh (Erin Brockovich) avec notamment Michael Douglas (Wonder Boys), Catherine Zeta-Jones (High Fidelity) et Benicio Del Toro (The Way of the gun), est au centre de quelques déclarations surprenantes.

    Les regrets du sénateur Hatch

    En acceptant de jouer pour un court moment son propre rôle dans Traffic face à Michael Douglas, le sénateur républicain (le parti de George W. Bush) américain Orrin Hatch souhaitait mettre en avant son rejet de la drogue.

    Sénateur de l'Utah (l'un des Etats américains les plus puritains), auteur d'hymnes religieux et pourfendeur de la violence dans les films hollywoodiens, Orrin Hatch illustrait, par sa participation à ce film, sa lutte contre ce fléau.

    La violence utilisée dans le film de Steven Soderbergh était d'ailleurs légitimée, selon lui, car elle dressait un portrait sombre du monde de la drogue, totalement dégradant pour ses utilisateurs.

    Depuis, le ton utilisé par le sénateur vis-à-vis de ce film, véritable mosaïque de destins différents dans le monde de la drogue, est beaucoup moins élogieux. Aujourd'hui, il regrette amèrement sa participation à Traffic qui s'illustre, selon lui par une utilisation trop abondante de nudité, de sexe, de violence et de langage profane.

    "J'ai été choqué et consterné par la gratuité et la quantité de violence et de blasphèmes dans Traffic. Il y en a plus qu'il n'était nécessaire pour montrer la dévastation causée par la drogue. Je ne le tolère pas. Cela nuit à son message anti-drogue", déclarait-t-il dans l'un de ses récents discours. "L'autre chose que je n'ai vraiment pas supporté est que tous les mots sont le "mot commençant par F" (pour traduction, si toutefois elle vous est nécessaire, comprenez FUCK). Hollywood doit grandir... Il n'y a aucune excuse pour ça".

    L'auteur de "Traffic" ex-drogué

    Le scénariste Stephen Gaghan a décidé de faire preuve d'honnêteté et de briser le secret sur son passé, et peut-être de mettre en danger sa carrière, pourtant en plein essor.

    Il a ainsi avoué au quotidien américain The New York Times que l'inspiration pour rédiger le script de Traffic (d'ailleurs récompensé par un Golden Globe), lui était venue de son passé de toxicomane. C'est en se basant sur son expérience personnelle d'ancien accro aux stupéfiants qu'il a pu donner un ton véritablement réaliste au film.

    "J'ai fumé du crack dans mon bureau dans les studios Universal, toujours accompagné d'héroïne pour le réduire", déclarait-il dans ce témoignage. "J'ai fumé du crack dans mon bureau de la Fox. Oh mon Dieu, qu'est-ce que les gens vont penser quand ils vont lire ceci ? Je ne travaillerai plus jamais dans cette ville (Hollywood)".

    Toxicomane pendant plus de vingt ans, Stephen Gaghan vivait entre Hollywood et New York, signant les scénarios et histoires de films et de séries télévisées comme NYPD Blue en 1993 ou The Practice en 1997.

    Alors que tout semble aller pour le mieux dans sa carrière (un Emmy pour son travail sur NYPD Blue en 1997, un Golden Globe, les scénarios de L'Enfer du devoir, Traffic, mais également une prochaine première réalisation avec le drame psychologique et fantastique Abandoned avec Katie Holmes), cet aveu soudain de Stephen Gaghan peut sembler quelque peu étrange, voire suicidaire.

    A ce propos, il a tenu à préciser : "le stigmate et la honte d'être accro à la drogue contribuent fortement à la difficulté qu'ont les toxicomanes à lever la main et à demander de l'aide, et j'ai senti qu'en n'étant pas totalement honnête, j'étais entrain, dans un sens, de perpétuer ce stigmate".

    Une belle preuve d'honnêteté dans un monde hollywoodien où la langue de bois, concernant l'usage de la drogue, est souvent de mise...

    Y.S.

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