AlloCiné : pouvez-vous résumer en quelques mots "La Vérité si je mens ! 2", réalisé par Thomas Gilou ?
Michel Munz : difficile. Une bande de potes se retrouve sur une grosse anarque qui permet à chacun de triompher de ses problèmes...
Gérard Bitton : c'est une histoire d'amitié, drôle et émouvante. Le triomphe de la justice et du courage aussi.
Qui a eu l'idée de développer le premier volet de "La Vérité si je mens !" ?
Michel Munz : Gérard et moi avions tous les deux envie d'écrire sur ce quartier du Sentier, à Paris. J'avais déjà écrit un livre sur le sujet, Rock Casher. Lorsque je suis arrivé à Paris, les premières personnes que j'ai rencontrées étaient issues du Sentier. Ces personnages me fascinaient. Ils roulaient dans les plus belles voitures. Ils avaient toujours des filles somptueuses au bras. Ils me rappelaient les Italo-Américains des films de Martin Scorsese. Or, eux, personne ne les avait encore filmés.
Comment avez-vous préparé ce film ?
Michel Munz : nous nous sommes immergés dans ce milieu vers le milieu des années 80. L'heure de gloire du Sentier. Nous avons procédé à la manière de journalistes : prises de notes, rencontres, etc. Nous jouions les grossistes. Nous passions de fausses commandes. Nous avons été accueillis, dans un premier temps, avec méfiance. Puis le dialogue s'est instauré.
Certains membres de cette communauté ont vu dans le film une caricature, que répondez-vous à cela ?
Michel Munz : l'accueil a été très bon dans l'ensemble. Certains ont pu avoir quelques craintes avant la sortie du film. Mais la communauté juive a plutôt bien réagi après l'avoir vu. Gérard et moi avons essayé d'éviter tout dérapage. Je pense que si la communauté concernée n'avait vraiment pas aimé le film, le reste du public n'aurait pas marché non plus et le film aurait été un échec.
Pourquoi une suite à "La Vérité ! 1" ?
Michel Munz : c'était une évidence. Nous avions tous envie de remettre le couvert. Le pari était complexe : nous voulions garder l'atmosphère du premier volet, tout en essayant de surprendre le public. Nous nous sommes replongés dans le Sentier. Nous avons gardé le même personnage principal, Eddie, joué par Richard Anconina. Le film suit à nouveau son parcours, mais cette fois, face à la grande distribution.
Gérard Bitton : nous avons introduit de nouveaux personnages, Daniel Prévost et Enrico Macias. Gad Elmaleh reprend le rôle de Dov, interprété précédemment par Vincent Elbaz. Nous avons donné plus d'envergure au personnage de José Garcia. Nous avons tellement été bluffé par sa performance dans le premier film. Pour cette suite, Michel et moi nous sommes inspirés des deux films écrits par Jean-Loup Dabadie : Nous irons tous au paradis et Un éléphant ça trompe énormémemt. L'histoire des deux films est différente, mais la troupe d'acteurs est la même. Autre point commun : le thème de l'amitié, très présent dans les deux épisodes de La Vérité !.
Qu'est-ce que le succès du premier film vous a apporté en tant que scénariste ?
Gérard Bitton : nous disposons d'un confort de travail et d'une liberté sans égal. Le succès change tout. Nous sommes beaucoup plus pris au sérieux.
Vos projets ? Un troisième volet à "La Vérité si je mens !", peut-être ?
Gérard Bitton : nous sommes tellement comblés avec ce film. Il est encore trop tôt pour envisager un nouvel épisode. Cela dépendra du succès de La Vérité si je me mens ! 2. Nous travaillons actuellement sur un autre projet, une comédie qui devrait s'intituler L'Argent fait le bonheur (surtout quand on en a).
Si vous n'aviez pas été scénariste, qu'auriez-vous fait ?
Michel Munz : j'aurais été compositeur. Je suis venu à Paris pour faire de la musique. Je suis arrivé à l'écriture de scénarios un peu par hasard, je l'avoue.
Gérard Bitton : j'aurais voulu être peintre.
Votre premier souvenir cinématographique
Michel Munz : Le Livre de la jungle, de Walt Disney
Gérard Bitton : un autre Walt Disney : Bambi.
Votre scénariste de référence
Michel Munz : je vais en citer deux : Francis Véber, notamment pour son travail admirable dans L'Emmerdeur. Jean-Loup Dabadie dont les films m'ont donné envie de devenir adulte. Je voulais grandir plus vite. Ces deux scénaristes m'ont impressionné par leur rigueur, en un temps où, il me semble, on négligeait les scénarios.
Gérard Bitton : Jean-Loup Dabadie et Francis Véber également.
Votre meilleur souvenir professionnel
Michel Munz et Gérard Bitton (en choeur) : le 30 avril 1997, date de sortie de La Vérité si je mens !.
Votre plus grand regret professionnel à ce jour
Michel Munz : en toute franchise, je n'en ai pas pour le moment.
Gérard Bitton : moi non plus.
Votre film de chevet
Michel Munz : (il hésite) Broadway Danny Rose de Woody Allen (1983). Mais si vous me reposiez la question dans un mois ou un an, la réponse pourrait être différente.
Gérard Bitton : Huit et demi et La Dolce Vita de Fellini.
Votre plus grand désir professionnel
Michel Munz : je souhaite que La Vérité si je mens ! 2 ait plus de succès encore que le premier épisode.
Gérard Bitton : j'aimerais beaucoup réaliser un film avec Michel.
Votre talent caché
Gérard Bitton : trop caché pour en parler.
Michel Munz : j'ose espérer que je suis un scénariste talentueux. Mais à part ça, je ne vois rien d'autre. Si ce n'est que j'aimerais que mon talent de compositeur soit un peu moins caché.
La rencontre déterminante de votre carrière
Gérard Bitton : Michel Munz, bien sûr !
Michel Munz : Gérard Bitton... Je ne pense pas que je serais capable d'écrire seul. Notre duo fonctionne vraiment bien. Il existe une véritable connivence entre nous.
Si vous deviez arrêter ce métier aujourd'hui, que regretteriez-vous le plus ?
Michel Munz : de ne plus travailler avec Gérard Bitton. On passe tellemment de temps ensemble, sur l'écriture, que je ressentirai un véritable manque.
Gérard Bitton : je n'aurais pas de regrets, me semble-t-il.