Lors du Festival international du film de Fajr, qui célébrait le 22e anniversaire de la Révolution islamique en Iran, les drapeaux américains accrochés à l'entrée des salles ont été retirés. Cette mesure a été prise par le ministère de la Culture et de l'orientation islamique iranien. Près de 22 ans après la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran, consécutive à la chute du régime du Shah d'Iran et à la victoire de la Révolution islamique, menée par l'ayatollah Khomeiny, les relations ne sont toujours pas au beau fixe entre l'Iran et les Etats-Unis. Depuis 1980, les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues.
Cependant, plusieurs films américains ont été projetés dans le cadre du Festival comme lors de ses précédentes éditions. Et les drapeaux américains n'ont pas été brûlés, comme par le passé. Il faudra encore du temps aux deux pays pour revenir vers les relations diplomatiques, mais de telles projections n'auraient jamais pu exister sous l'ère Khomeiny. La Révolution islamiste a vécu, et s'est perdue dans la corruption et les excès de la répression. La population, éduquée grâce au programme révolutionnaire, a profondément remis en cause le régime, et exigé une révolution dans la Révolution. Peu à peu, l'Iran s'ouvre, sous la présidence de Mohammed Khatami.
Côté cinéma, si la révolution a utilisé le septième art à des fins de propagande, toute une génération de cinéastes a germé, pour montrer sa propre image de l'Iran. Sous l'impulsion d'Abbas Kiarostami (Le Goût de la cerise, Le Vent nous emportera), puis de Moshen Makhmlabaf (La Noce des bénis), le cinéma iranien prend son essor. Désormais, la génération suivante assure déjà la relève avec Samira Makhmalbaf, la fille de Moshen (La Pomme, Le Tableau noir), Bahman Ghobadi (Un temps pour l'ivresse des chevaux) et Hassan Yektapanah (Djomeh), qui ont tous trois été primés à Cannes l'an dernier.
F.M.L d'après l'AFP