Le tournage du film de Bertrand Tavernier Laissez-passer est interrompu depuis le jeudi 18 janvier par une grève des employés de la SFP, une entreprise publique au service de la production télévisée et cinématographique.
Le mouvement est suivi par la quasi-totalité du personnel, près de 400 personnes, réclamant son intégration au sein de France Télévision. N'ayant pas obtenu de réponse de la part du gouvernement qui doit statuer sur la restructuration de la SFP, les salariés ont décidé de bloquer toutes les activités audiovisuelles. Les grévistes bloquent notamment l'accès du plateau de Bry-sur-Marne qu'utilisait Tavernier pour son nouveau long métrage.
Jusqu'à maintenant, le cinéaste a soutenu l'action du personnel, mais le conflit risque de se prolonger : sept salariés viennent, en effet, d'être assignés au tribunal de grande instance de Créteil par leur direction "pour entrave à la liberté du travail" et une manifestation aura lieu jeudi prochain pour protester contre cette décision.
En tournage depuis le 6 novembre, Laissez-passer devait être en boîte pour la fin du mois de février : cette échéance semble compromise.
Bertrand Tavernier avait choisi de suivre l'itinéraire de deux cinéastes français confrontés aux nazis en posant la question difficile du quotidien sous l'Occupation. L'un des personnages, un assistant-metteur en scène interprété par Jacques Gamblin, entrait dans la Résistance et trouvait un alibi en travaillant pour une firme cinématographique allemande. L'autre, un scénariste-poète, auquel Denis Podalydès prête ses traits, refusait de travailler pour les Allemands sans s'engager dans une lutte héroïque. Dans l'équipe du film, de fidèles collaborateurs de Tavernier étaient présents, du scénariste Jean Cosmos aux comédiennes Charlotte Kady et Marie Gillain.
Mais en choisissant de réaliser un film se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale, Bertrand Tavernier s'est condamné à tourner dans un studio spacieux. Or celui de la SFP, dont le plateau reste le plus grand d'Europe, réunit les meilleures conditions : le réalisateur devra donc attendre l'issue du conflit avant de terminer son long métrage.
A.C.