Le Palais Bourbon s'intéresse de près au cinéma... Une mission d'information parlementaire vient, en effet, d'être créée au sein de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale. Ce groupe, constitué d'une dizaine de députés, devra entamer une réflexion sur les systèmes de soutien public au cinéma. Ce travail donnera lieu à un rapport, qui sera remis d'ici un an. Ce groupe d'élus aura donc pour mission d'étudier de près les systèmes de soutien en place, ainsi que les contextes économique et culturel actuels, afin de déterminer si les uns sont en adéquation avec les deux autres. Le cas échéant, ce groupe pourra proposer des solutions concrètes dans son rapport final.
Selon le document préparatoire au travail de cette mission, la création et la diversité culturelle sont "encore relativement épargnées en France grâce aux différents mécanismes d'aides (...) mais pour combien de temps et à quel prix ?". Ce document met en exergue la situation des autres cinématographies pour justifier sa mise en place : "Dans les autres pays d'Europe, le cinéma national a déjà rendu les armes, et en France même, le système de financement choisi, parfois trop sécurisant, n'est pas sans inconvénients, puisqu'il éloigne les producteurs de toute prise de risque et pousse au renchérissement des coûts de production". Le fonds de soutien automatique, comme les aides sélectives, seront donc étudiés dans les moindres détails, de leur mode d'attribution aux résultats obtenus...
La mise en place de ce groupe d'études intervient au moment où les profondes mutations intervenues récemment dans l'industrie cinématographique font craindre aux professionnels une mise en danger du processus créatif. L'année 2000 a, en effet, été marquée par de profonds changements dans tous les secteurs de l'industrie cinématographique, et la profession s'est soulevée contre plusieurs dossiers sensibles. L'apparition des cartes illimitées, conjuguée au développement croissant des multiplexes, mais aussi les mouvements de concentration entre les producteurs et les distributeurs, et les conséquences de la fusion Vivendi-Universal sur l'indépendance de Canal + en matière de cinéma sont autant de sujets qui perturbent l'industrie cinématographique française.
Il semble en tout cas que les députés aient été sensibles à ce phénomène. A travers ce travail de fonds, il tenteront de porter un regard objectif, de manière à aboutir, peut-être, à un équilibre entre sauvegarde de la cinématographie française et nécessités économiques de l'industrie. D'ici la publication du rapport, attendu dans un an, l'Assemblée étudiera, à partir du 23 janvier, le texte de loi sur les nouvelles régulations économiques, dont l'article 54 concerne l'encadrement juridique des cartes illimitées.
F.M.L