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    USA : grève ou pas grève ?

    La bataille médiatique autour de la grève à Hollywood bat son plein : la SAG rappelle ses troupes à l'ordre, et la WGA jette de l'huile sur le feu...

    Depuis des mois, la rumeur enfle au sujet de la grève qui pourrait bien paralyser l'industrie cinématographique l'été prochain. En cause, la grève des acteurs, qui fait craindre une pénurie de comédiens pour tourner dans les productions de la colline aux dollars. Et qui pourrait menacer sérieusement "l'écosystème" hollywoodien...

    La presse américaine s'est largement fait l'écho de la possibilité de l'éclatement de cette grève, et soutient largement les acteurs. Il est vrai que cette même corporation a déjà fait grève l'an dernier, en boycottant le tournage des spots publicitaires. L'industrie de la pub avait fini par céder en octobre 2000. Incontestablement, ce conflit a renforcé le poids de la Screen Actor's Guild (SAG), le syndicat des acteurs américains.

    Las de ces allégations sans fondement, le "patron" des acteurs, le président de la SAG William Daniels, est monté au créneau. Il a fait part de son mécontentement quant à la médiatisation à outrance de la possibilité d'une grève, et a déclaré ce week-end : "Il n'est pas bon de parler de grève avant même que les négociations entre les syndicats et les producteurs aient débutées." Et a ajouté : "Il y a un contrat à finaliser. Cela requiert un haut niveau d'intelligence, un esprit ouvert, des solutions créatives, des compromis, un dialogue et surtout, le plus important, une bonne information des membres". Ce message musclé était destiné à mettre les membres de la SAG dans de bonnes dispositions.

    Message tout aussi musclé de la part de l'acteur Kevin Spacey, très investi dans la bataille. Intervenant surprise lors du congrès de la SAG, il a rappelé aux membres du syndicat quelques-unes de ses règles fondamentales. Et surtout sa règle numéro 1, qui précise que les membres de la SAG ne doivent pas accepter d'emplois non agréés par le syndicat, faute de quoi ils encourent des sanctions, telles la suppression de la sécurité sociale du syndicat et de l'accès à ses fonds de pension. Cette mise au point visait bien sûr ceux qui seraient tentés de briser la grève si elle avait lieu. Au terme d'un discours de 10 minutes, Kevin Spacey a été salué par une chaleureuse standing-ovation.

    Les représentants de la SAG ont indiqués que des négociations entre les parties pourraient débuter, mais qu'elles resteraient partielles tant que la question des droits d'auteurs sur les rediffusions télévisées et les ventes des films à l'étranger ne seraient pas évoquées. L'échéance est fixée au 30 juin prochain, date de péremption du contrat actuel. Rappelons qu'en prévision d'une éventuelle grève, les studios tournent à plein tube, dans l'espoir de ne pas être pris au dépourvu. Ce qui fait les affaires du Canada... La province de l'Ontario a, en effet, enregistré des demandes d'autorisation de tournages pour le prochain trimestre trois fois supérieures à celles de l'an passé à la même période. La commission du film de l'Ontario précise que cette hausse s'explique par une crainte de la grève, et que ce boom des tournages ne se limite pas au territoire de l'Ontario.

    Une éventuelle grève peut en cacher une autre, tout aussi éventuelle... Le contrat des scénaristes arrive également à son terme en 2001, et plus précisément le 30 avril. D'ici là, il incombera à la Writer's Guild of America (WGA), le syndicat des scénaristes, et aux producteurs, de se mettre d'accord. Les tractations devraient débuter le 22 janvier prochain mais le ton est beaucoup plus chaud. Même si depuis quelques jours l'ambiance se radoucit, en raison de l'approche des discussions, la WGA a largement mis la pression sur les studios, et placé la barre des négociations très haut.

    La querelle porte essentiellement sur la place des scénaristes sur les royalties payées au scénariste sur les différents supports. Les "plumes" d'Hollywood veulent en effet bénéficier de l'envolée des nouveaux marchés. Ils réclament ainsi l'augmentation du pourcentage qui leur est attribué sur la vente des films à l'étranger et sur les diffusions sur le second marché télévisé, à savoir essentiellement le câble. Et n'oubliant aucun secteur, ils exigent également que soit doublé leur pourcentage sur l'exploitation vidéo. Il est vrai que ce dernier marché s'est accrû de manière exponentielle sur la dernière décennie, jusqu'à atteindre un chiffre d'affaire global pour les Etats-Unis de 20 milliards de dollars l'an dernier.

    Les scénaristes réclament que la mention "Un film de" ne soit plus l'apanage exclusif des réalisateurs, mais aussi la leur. Ils estiment, en effet, être auteurs du film à part égale avec les réalisateurs. La Director's Guild of America, syndicat des réalisateurs, s'est opposée très fermement au partage de cette appellation, ainsi qu'à sa disparition. Pour la petite histoire, sachez que cette mention est apparue chez les indépendants, et distinguaient les "films d'auteur" (le "de" indiquant l'aspect créatif), des "films commerciaux", qui eux, portaient la mention "réalisé par", ce qui les cantonnaient à un aspect strictement technique (selon les indépendants). Peu à peu, la mention "un film de" s'est répandue à Hollywood, les réalisateurs s'estimant plus que de simples techniciens. Et désormais, cette notion "d'auteur" se répand à tous les créatifs. Voilà qui promet d'ardentes échauffourées !

    F.M.L d'après Variety

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