L'année 2000 s'achève. Sur un constat : le cinéma français souffre face à la concurrence des crétineries popcorniennes made in USA. Avec un peu moins de 30% de parts de marché (sur les 165 millions de spectateurs qui ont fréquenté les salles osbcures l'année dernière), le cinéma "made in France" termine le siècle, et le millénaire, sur une touche en demi-teinte.
Que réserve cette année pour le cinéma français ? Une odyssée ? Entre les films attendus et ceux qui peuvent créer la surprise (souvenez-vous du succès surprise de Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll), 2001 pourrait connaître quelques "cartons".
Aux vues du panorama des sorties françaises programmées, la cuvée 2001 est prometteuse. Voire exceptionnelle.
Un premier trimestre entre comédie et gros spectacles...
Le programme du premier trimestre 2001 est pour le moins copieux. Autant pour les exploitants que (et surtout) pour les spectateurs qui pourront s'en mettre plein les yeux.
Cela commence le 10 janvier avec le retour de Jean-Jacques Beineix à la caméra, après huit ans d'absence. Il met en scène Jean-Hugues Anglade et Hélène de Fougerolles dans Mortel Transfert, un thriller psychologique sur fond de SM. Le 17 janvier, c'est François Pignon qui fait son come-back. Le héros récurrent des films de Francis Veber (La Chèvre, Les Fugitifs, Les Compères) sort du Placard avec Daniel Auteuil, entouré de Gérard Depardieu, Thierry Lhermitte et Michèle Laroque. Une comédie de moeurs "pas commode" signée par l'auteur du Dîner de Cons.
La semaine suivante, Christophe Lambert prendra d'assaut les salles de cinéma sous les traits du célèbre chef gaulois moustachu, Vercingétorix. Un voyage dans l'histoire illustré par Jacques Dorfmann (Le Palanquin des larmes).
Un Christophe Lambert qui sera, le mercredi 24, en concurrence avec la belle et épatante Andie MacDowell et Harrison's Flowers, la nouvelle réalisation d'Elie Chouraqui (qui s'évade des Dix Commandements). Une traversée dans l'ex-Yougoslavie en guerre, où l'égérie de L'Oréal part à la recherche de son mari disparu.
Mais, le grand événement de ce mois de janvier est le débarquement le 31 du plus attendu et ambitieux film français : Le Pacte des Loups. LA superproduction épique en costumes au sujet de la bête du Gévaudan, qui avait fait des centaines de victimes en Lozère sous le règne de Louis XV. Avec un budget de quelque 200 MF, cette fresque est signée Christophe Gans (Crying Freeman) qui s'est entouré d'un casting royal : Samuel Le Bihan, la bellissima Monica Bellucci, Vincent Cassel, Emilie Dequenne, Jérémie Rénier, Jean Yanne et Mark Dacascos.
Les Champions du monde seront de retour le 7 février. Non pas nos Bleus, chéris de nos dames, mais de toute l'équipe de La Vérité si je mens, pour une suite encore plus drôle et décapante que le premier épisode, paraît-il. Cette fois, la bande des marchands du Sentier, Richard Anconina, Bruno Solo, José Garcia, Gad Elmaleh et Aure Atika affronteront les redoutables monstres de la grande distribution avec le cynique Daniel Prévost à leur tête. Quand le bizness des Eddie Vuibert, Patrick Abitbol, Serge Benamou et consorts est menacé, Aïe, aïe, aïe (prendre l'accent !)... Bref, un festival pour nos zygomatiques en perspective. En attendant, un petit tour vers le site du film www.laverite-lefilm.com pour se mettre en appétit est impératif.
Le 21 mars, c'est le baptême de la mise en scène pour Antoine de Caunes. Pour sa première réalisation, il nous plonge avec Les Morsures de l'aube (adaptation du roman de Tonino Benacquista) dans le monde sombre des noctambules mondains. Avec le duo Gérard Lanvin et Guillaume Canet en pique-assiettes nyctalopes des nuits parisiennes, sous les yeux de la troublante et mystérieuse Asia Argento.
Un Guillaume Canet que l'on retrouvera quelques semaines plus tard (30 mai) aux côtés de Gérard Depardieu et d'Inès Sastre (aya, aya) pour les aventures de Vidocq, ce célèbre voleur et faussaire du XIXe siècle devenu policier. Un film-événement, car il s'agit du premier long métrage tourné totalement en numérique haute définition. Une révolution signée Pitof, complice de Jean-Pierre Jeunet, et coproduite par Dominique Farrugia via RF2K Productions.
Un Jean-Pierre Jeunet, qui après un détour chez les aliens, revient en France avec sa nouvelle réalisation, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Un film intriguant et riche en effets visuels avec Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz et Jamel Debbouze, dont la sortie est prévue au printemps.
Le printemps sera orageux avec une scène de ménage dantesque entre Josiane Balasko et Jacques Villeret dans Un Crime au paradis, où la caméra de Jean Becker revisite le classique de Sacha Guitry, La Poison. Un remake contemporain où Jacques Villeret marche sur les pas de Michel Simon et Josiane Balasko dans ceux de l'horrible mégère acariâtre, Germaine Reuver.
Sophie Marceau se retrouve dans Belphégor, le fantôme du Louvre à partir du 4 avril. Pour l'adaptation au cinéma de l'immortelle série en noir et blanc qui a fait les belles heures de l'ORTF, le réalisateur Jean-Paul Salomé (Restons groupés) a aussi fait confiance à Michel Serrault et à Frédéric Diefenthal. Juliette Gréco tiendra un petit rôle dans ce film où se mélangeront fantastique, aventure et comédie.
Mais, encore...
D'autres films français devraient ravir les cinéphiles pour cette année 2001. Notamment Félix et Lola de Patrice Leconte, une histoire d'amour entre Philippe Torreton et Charlotte Gainsbourg, sur fond de fêtes foraines (et d'auto-tamponneuses). Ou encore L'Anglaise et le Duc d'Eric Rohmer, où le cinéaste des contes moraux remonte le temps jusqu'en 1789 pour un film tourné en DV numérique et dont les premiers buzz font état d'une possible sélection pour Cannes. Ce serait un exploit pour cet octogénaire qui n'est pas venu sur la Croisette depuis 1976 (et La Marquise d'O). Sans oublier André Téchiné, qui pour se remettre de l'échec d'Alice et Martin a traversé la Méditerranée, la DV à la main, pour planter son décor au Maroc. Dans Terminus des anges, il remet en scène ses fidèles acolytes, Stéphane Rideau et Gaël Morel (partenaires dans Les Roseaux Sauvages).
On ne peut passer sous silence le cinquième film de François Dupeyron, La Chambre des Officiers, une saga sur des Poilus de la Grande Guerre (avec Eric Caravaca, Denis Podalydès, André Dussollier et Sabine Azéma). Ni 15 Août, une comédie de Patrick Alessandrin, avec le trio Jean-Pierre Darroussin, Charles Berling et Richard Berry, en pères de familles complètement largués, avec leurs marmots, à La Baule un week-end d'Assomption. Imaginez la galère...
Il ne faut pas oublier de mentionner Le Petit Poucet, ou l'adaptation du conte de Perrault, revisité par Olivier Dahan avec Romane Bohringer, Catherine Deneuve et Elodie Bouchez. Ou encore Corto Maltese en Sibérie, adaptation ambitieuse de la BD d'Hugo Pratt avec les voix de Richard Berry, Patrick Bouchitey et Marie Trintignant.
2001 : l'année des réalisatrices ?
Les réalisatrices seront à l'honneur pour cette année 2001. Des réalisatrices confirmées qui marquent leur retour à la caméra comme Claire Denis pour Trouble Everyday (avec Vincent Gallo et Béatrice Dalle), Coline Serreau pour Chaos (avec Catherine Frot et Vincent Lindon), Catherine Corsini et La Répétition (avec Emmanuelle Béart), Catherine Breillat et sa Fat Girl. Mais aussi Anne Fontaine pour Cher Papa, Josée Dayan pour Cet amour-là (où Jeanne Moreau prend les traits de Marguerite Duras) et Dominique Cabrera pour Le Lait de la tendresse humaine (avec Patrick Bruel).
Les hommes ne seront pas en reste. Puisque François Ozon a réuni Sous le Sable Charlotte Rampling et Bruno Cremer. Bertrand Tavernier a un Laissez-Passer avec Jacques Gamblin et Marie Gillain. Claude Zidi enferme son petit monde dans La Boîte, une comédie sur le monde des discothèques (This is the rythm of the night !!!). Pascal Thomas croque à nouveau des portraits doux-amers de la société dans Mercredi avec Vincent Lindon et Catherine Frot. Après Ma 6-T va craquer, Jean-François Richet plonge sa caméra dans De l'amour avec Virginie Ledoyen (parce qu'elle le vaut bien), Jean-François Stévenin et le rappeur Stomy Bugsy (yo !).
Pour terminer cette liste non exhaustive, citons La Pianiste de Michael Haneke, qui réunit Isabelle Huppert, Benoît Magimel et Annie Girardot ; Le Pornographe de Bertrand Bonello (avec Jean-Pierre Léaud) ; Les Portes de la Gloire de Christian Merret-Palmair (ou l'odyssée à travers la France de VRP farfelus avec Benoît Poelvoorde en chef tyrannique) ; Le Vélo de Ghislain Lambert (avec - toujours - Benoît Poelvoorde cette fois en roi de la Petite Reine). Et les premiers films d'Alain Soral (Confessions d'un dragueur avec le duo Saïd Taghmaoui et Thomas Dutronc), de Gilles Paquet-Brenner (Les Jolies Choses, adaptation d'un roman de Virginie Despentes) et d'Yves Lavandier (Oui, mais..., avec Gérard Jugnot en psy hors du commun).
Bref, l'année 2001 s'annonce riche pour les cinéphiles. Sur le papier, le programme des films français est des plus exquis. En espérant qu'il séduise le public.
L.B