Coup de tonnerre de l'autre côté des Pyrénées : Pilar del Castillo, le ministre de la culture ibérique, a annoncé son intention d'annuler d'ici 5 ans les quotas en faveur de la diffusion des films nationaux dans les salles. Le cinéma espagnol sera donc soumis à la loi du marché, et devra lutter seul face aux films américains.
C'est un privilège vieux de 59 ans qui s'écroule, puisque le système des quotas était entré en vigueur en 1941. Il prévoit que pour 3 films de pays tiers, un film espagnol ou communautaire soit projeté. Si les quotas sont bien respectés, ils profitent bien plus au cinéma européen qu'au cinéma espagnol, dont la part de marché a chuté à 10,5%. Les films européens représentent 9,5% contre 80% pour le cinéma américain. Selon le ministre de la culture espagnol, cette baisse de la part de marché des films espagnols n'est que conjoncturelle, et due à une année 2000 un peu creuse. Plus de films nationaux sont en effet sortis, mais ils ont rapporté moins qu'en 1999. N'oublions pas aussi que 1999 avait aussi bénéficié largement de "l'effet" Tout sur ma mère, le film de Pedro Almodovar ayant remporté un large succès sur ses terres. L'année 2001, avec la sortie des prochains films des stars du cinéma espagnol, tels que Pedro Almodovar ou Alejandro Amenabar, devrait logiquement produire un effet similaire, et tirer la production nationale vers le haut.
En contrepartie de la supression de ces quotas, un système de soutien à la production sera mis en place. Comme en France, il y aura deux types d'aides : le soutien automatique, et les aides sélectives.
Les films pourront ainsi bénéficier d'un soutien automatique à hauteur de 15% du budget du film, ainsi que d'une subvention sélective dans les mêmes proportions. D'autre part, lorsqu'un film aura remporté un large succès, au delà de 50 millions de pesetas (environ 2 millions de francs), le producteur du film aura le choix pour son oeuvre suivante entre une aide égale à 25% des recettes engrangées ou de 33% du budget de son film suivant. Les films d'art et essai ne seront pas oubliés, puisqu'ils auront droit à une avance sur recettes, limitée à 50% du budget.
Cette suppression des quotas, qui sera progressive, n'est pas du goût des professionnels, qui voient d'un mauvais oeil la quasi-généralisation des règles économiques dans le domaine artistique. La plupart d'entre eux estiment que le cinéma espagnol ne pourra pas survivre, et craignent une nouvelle réduction de sa part de marché. Car si des aides sont prévues pour la production, aucune n'a encore été annoncée dans les secteurs de la distribution et de l'exploitation. Comment faire alors pour que les films produits soient projetés ? Il reste 5 ans pour y trouver une réponse satisfaisante pour toutes les parties concernées.
F.M.L d'après Les Echos