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    2000, odyssée des cartes illimitées

    Le monde de l'exploitation a été profondément ébranlé par la création d'une formule commerciale défiant toute concurrence : la carte illimitée.

    29 mars 2000 : Coup de tonnerre

    Le 29 mars 2000, UGC lance la carte illimitée au cinéma. Pour 98 F par mois sur une période de 12 mois, les spectateurs peuvent se rendre au cinéma autant qu'ils le désirent, chez UGC bien sûr. Les spectateurs sont conquis et pour les exploitants, rien ne sera plus jamais pareil. Suite à la saisie du Conseil de la concurrence par Catherine Tasca, UGC suspend la vente de la carte entre le 9 mai et le 25 juillet. Dès la reprise de la commercialisation, la vente des abonnements repart de plus belle. Le dernier recensement, début décembre, faisait état de plus de 160.000 abonnés.

    La polémique

    L'apparition de cette nouvelle formule commerciale n'a pas fait que des heureux. Immédiatement, les professionnels comme les institutionnels déclenchent une vive polémique. Motif : la carte UGC, avec son tarif défiant toute concurrence, menace à la fois la survie des cinémas indépendants, pour qui il est impossible d'appliquer de tels prix, et les ayants-droits, qui ne disposent plus de garanties sur le paiement de leurs dividendes. Les professionnels ne baissent pas les bras pour autant, comme en témoignent les débats lors du Congrès des exploitants ou des rencontres de Beaune, et vont même jusqu'à créer un collectif contre les cartes illimitées.

    Les réactions de la concurrence

    Face à cette nouvelle politique commerciale, la concurrence a dû s'adapter. Après avoir vivement critiqué l'initiative d'UGC, les grands réseaux d'exploitants ne peuvent que lancer leur propre formule. Pathé d'abord le 2 août, en limitant l'opération sur quelques grandes villes. Puis Gaumont et MK2 dans une initiative commune le 27 septembre. CGR a aussi annoncé son intention de lancer une carte... Du côté des indépendants, le constat est amer. Certains se sont alliés aux cartes existantes, et d'autres ont choisi de résister en organisant des actions militantes. Jusqu'à quand ? Depuis l'arrivée des cartes, leur part de marché a déjà baissé de 6% sur Paris.

    Vers une carte universelle

    Pour essayer de contenter tout le monde, plusieurs initiatives de "carte universelle" ont vu le jour. L'objectif serait de proposer une carte valable dans tous les cinémas d'une zone définie ou alors dans tout l'Hexagone. Cette carte serait contrôlée par le CNC, ce qui faciliterait la remontée des recettes vers les ayants-droits et les exploitants. Deux points restent à éclaircir : les distributeurs risquent de réclamer des minimums garantis, et puis quid de la répartition des recettes par film... puisqu'il faudra bien contrôler chaque entrée réalisée avec la carte. Tout reste donc à construire.

    Le bilan

    L'apparition des abonnements illimités a permis une hausse de la fréquentation. Sur 11 mois, le CNC a enregistré 146 millions d'entrées, soit 7% de plus que l'an dernier. Sur le plan législatif, le Sénat a adopté un texte visant à imposer un cadre et un agrément pour les abonnements. Cependant, le texte ne passera pas à l'Assemblée avant la fin de l'année parlementaire, c'est-à-dire pas avant juin 2001. Enfin sur le plan économique, la formule doit encore faire ses preuves : UGC commence à redouter une utilisation trop massive de la carte car au delà de 70 utilisations annuelles par abonné la firme perd de l'argent. Et Gaumont et Pathé ont fusionné début décembre au sein d'EuroPalaces afin de mieux organiser leur stratégie. Une chose est certaine : on n'a pas fini d'entendre parler des cartes illimitées !

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