La Harry Potter-mania déchaîne les passions. Les livres de la série, consacrés au petit magicien Harry Potter, se vendent comme des petits pains auprès des 10-15 ans. Du côté de la Warner Bros, où l'on prépare activement l'adaptation cinématographique des aventures d'Harry Potter, les esprits s'échauffent, et le studio s'en va-t-en guerre contre une adolescente de 15 ans et le père de celle-ci. Motif de la dispute : le site internet que la jeune Claire Field a consacré à sa passion pour le petit magicien.
L'origine du conflit remonte à une lettre que la Warner a adressée à la Claire Field. Les termes de cette missive menaçaient la jeune fille d'une action en justice, et lui expliquaient que son site "pouvait causer une confusion ou une dilution de la propriété intellectuelle". Pire, le studio est allé jusqu'à lui proposer la somme symbolique de 9,99 livres sterling de dédommagement, soit environ 100F, si elle consentait à fermer son site. Pour info, cette somme correspond à peu près au coût annuel d'un nom de domaine. Ce qui a déclenché la fureur du père : ce dernier, décidé à ne pas laisser sa fille se faire avoir par le géant, a décidé de porter l'affaire devant la presse. Et depuis, c'est la guerre entre les parties, par médias interposés.
Warner a justifié son action dans le Hollywood Reporter en expliquant que tous les sites concernant Harry Potter ont reçu les mêmes mises en garde, comme à chaque fois que le studio prépare un film. Officiellement, Warner justifie ce type d'acte par la volonté de protéger ses droits et de se débarrasser des cybersquatters : le studio entend bien faire fermer tout site commercial autour de "sa" marque. En réalité, cette politique de prévention sert essentiellement à intimider les webmasters, que les sites soient professionnels ou non. Si la Warner n'hésite pas à se retrancher derrière la protection de ses droits, et d'en abuser en menaçant tout ce qui touche de près ou de loin aux termes "harry potter", il est tout de même choquant qu'elle adresse de telles missives à des adolescents. Il n'était en effet guère difficile pour le service juridique de visiter le site incriminé, et de constater qu'il ne publiait aucun contenu illicite, et était tout simplement consacré à une passion d'enfants.
Cependant, si l'on observe cette histoire sous un angle "business" l'action de la Warner devient tout de suite beaucoup plus logique. En effet, llimiter l'offre, c'est limiter la dispersion : moins il y aura de sites "concurrents", plus les internautes iront sur le site officiel, tenu par la Warner. La presse britannique, consciente du problème, n'a d'ailleurs pas hésité à prendre fait et cause pour la jeune fille, jetant ainsi de l'huile sur le feu. Il semble en tout cas que ce ne soit pas la première fois que la Warner utilise ces méthodes d'intimidation. En février dernier, un autre site avait été sommé de faire savoir quelle était sa ligne éditoriale. Et peu de temps après, le site était passé sous contrôle de la Warner.
F.M.L d'après The Register et The Hollywood Reporter