La carte UGC Illimité fait à nouveau parler d'elle, et continue d'agiter les milieux du septième Art. Début novembre, UGC contestait l'amende infligée par le CNC, en clamant que son système de gestion des abonnements était tout à fait performant. Malheureusement, si l'on en croit l'enquête réalisée par la SACD, il semblerait que ce ne soit pas exactement le cas.
La Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, qui perçoit les rémunérations de certains ayants-droits, a mené l'enquête. Un de ses inspecteurs, doté d'une carte UGC Illimité, a pu ainsi, avec un seul ticket, passer d'une salle à l'autre sans aucun contrôle. Ce qui signifie qu'hormis le premier film qu'il a vu, ses autres entrées en salles n'ont pas été enregistrées. Les ayants-droits étant rémunérés d'après les tickets vendus, on imagine quel peut être le manque à gagner...
Evidemment, cela ne pose aucun problème à UGC car les détenteurs de carte paient par prélèvement bancaire, qu'il se rendent dans les salles ou pas. On peut pousser la réflexion plus loin, et imaginer que moins UGC délivre de tickets, moins elle a à payer les ayants-droits, et donc plus elle fait de bénéfices sur les cartes, qui ne sont de toutes façons plus rentables pour elle dès lors que l'abonné se rend plus de trois fois par mois au cinéma. Sans tirer la sonnette d'alarme –l'enquête n'a été réalisée que sur un seul complexe du groupe- l'attitude d'UGC pose tout de même de manière très concrète la question de la remontée des recettes vers les ayants-droits.
Et l'on reparle de la carte orange du cinéma... En effet, ce système pourrait être la solution à toutes les interrogations suscitées par la mise en place par le groupe de Guy Verrechia, et repris depuis par Gaumont-MK2 et Pathé. Patrick Compte, exploitant indépendant parisien, a remis sa copie au CNC et au Ministère de la Culture, et vient de la présenter à la FNCF. Le système proposé ne fonctionnerait plus par "zones", comme la carte de transports, mais serait national. Le paiement des ayants-droits serait assuré de la même manière que le paiement des droits musicaux, c'est à dire en fonction du chiffre d'affaires de l'exploitant par film, et non plus au nombre d'entrées. Le pourcentage retenu serait à négocier entre les professionnels.
Reste plusieurs points à éclaircir. D'une part, les ayants-droits vont réclamer des garanties sur les recettes. Comment le leur assurer, si le système du pourcentage du chiffre d'affaires est retenu ? Second problème, celui de la répartition par film. Comment s'assurer qu'un film a bien fait tel nombre d'entrées ? Le problème soulevé par la SACD reste d'actualité. Il faudrait alors réfléchir à un système fiable assurant la traçabilité des entrées réalisées dans les cinémas, de façons à effectuer au plus juste la remontée des recettes vers les ayants-droits.
Si ces deux écueils étaient résolus, cette belle idée pourrait bien arranger tout le monde. D'une part, cela offrirait une belle porte de sortie à Guy Verrechia, sur lequel l'étau des ayants-droits se resserre. Il pourrait alors résoudre son problème tout en restant celui qui a instauré le système des abonnements illimités au cinéma, chers aux spectateurs. Ceux-ci seraient d'ailleurs, selon un sondage réalisé par la magazine Ecran Total, près de 71% à s'abonner à cette carte orange si elle existait à un tarif équivalent des cartes actuelles, soit 98F par mois. A méditer...
F.M.L d'après Ecran Total