Vivendi Universal, c'est presque fait ! Jeudi dernier, le CSA accordait son feu vert à la fusion Vivendi – Seagram – Canal Plus, et mettait ainsi fin au seul véritable suspense qui entourait la fusion depuis l'acceptation courant octobre de l'opération par la Commission européenne. Lundi, les actionnaires de Seagram ont accepté la fusion à plus de 90% et hier, les actionnaires de Vivendi ont fait de Jean-Marie Messier le maître du monde, en lui signant un chèque en blanc concernant l'avenir du groupe, puisqu'ils ont entériné la fusion à près de 95%. Seuls les actionnaires de Canal Plus ne se sont pas exprimés : ce sera chose faite ce vendredi.
Le montage financier
Une fois ces formalités effectuées, il restera encore au groupe à peaufiner ses montages financiers, notamment en ce qui concerne la situation de Canal Plus. Les activités de la chaîne cryptée seront divisées en trois entités :
Le groupe Canal
Détenu à 100% par Vivendi, Le Groupe Canal regroupera toutes les activités de production de contenu du groupe, à savoir : les filiales étrangères, Canal Plus Technologie, Le Studio Canal, CanalSatellite, et Multithématiques.
Canal Plus SA
Cette entité juridique comprendra en réalité la chaîne Canal Plus, et son autorisation d'émettre. Conformément à la loi sur l'audiovisuel, elle ne sera détenue qu'à 49% par Vivendi.
Canal Plus Distribution
Cette troisième société aura la jouissance du fichier d'abonnés de Canal plus, qui comprend tout de même 4,5 millions de foyers en France, et environ 10 millions si l'on intègre les autres pays où est implantée la chaîne. Elle gèrera aussi le réseau de distribution de la chaîne ainsi que sa promotion.
Les gardes-fous imposés par le CSA
Pour préserver l'indépendance de la chaîne cryptée, qui est au coeur du débat, le CSA a imposé au groupe de Jean-Marie Messier quelques concessions par rapport à ses propositions. Vivendi Universal devra donc satisfaire à quelques obligations afin que la chaîne, fleuron du groupe, ne soit pas noyée dans la masse de ses activités.
Tout d'abord, Vivendi aura l'interdiction de créer une chaîne concurrente, afin de sauvegarder la spécificité de la chaîne, mais surtout de garantir sa pérennité en dépit des impératifs commerciaux. Ensuite, Canal Plus pourra dénoncer les accords conclus avec sa maison-mère. Ceci afin d'éviter des abus, notamment en ce qui concerne l'utilisation du fichier des abonnés de la chaîne. Enfin le CSA s'est octroyé la possibilité de contrôler de très près l'évolution de l'actionnariat du groupe, afin de garantir que le seuil d'actionnaires non-européens ne dépasse pas les 20%, comme la loi l'exige. Tout manquement à ces prérogatives pourrait remettre en cause l'autorisation d'émettre de la chaîne cryptée.
La naissance de Vivendi Universal n'est cependant pas du goût des professionnels du cinéma français, qui estiment ces garanties insuffisantes. Inquiets pour l'avenir de Canal +, ils ont décidé de poser un recours près le conseil d'Etat, contre la décision du CSA.
Un projet d'envergure
Cependant, il est peu probable que l'avènement du groupe Vivendi Universal soit annulé. Débarrassé des activités de spiritueux de Seagram, dont il espère tirer 9 milliards d'euros (59 milliards de francs), et avec un chiffre d'affaires estimés à 24,6 milliards d'euros (173 milliards de francs), le groupe deviendra alors le n°2 de la communication mondiale, juste derrière AOL Time Warner. Pour l'anecdote, la fusion de son rival n'étant pas encore acquise, Vivendi Universal devrait passer le cap du troisième millénaire en tant que n°1 mondial : l'avenir dira si ce rêve de J2M est prémonitoire.
F.M.L d'après La Tribune