La chaîne de cinémas Regal Cinemas, qui détient près de 4500 écrans à travers le pays, est dans une situation financière extrêmement délicate. Les banquiers viennent en effet de bloquer tous ses paiements, pour un montant de 28,5 millions de dollars. Regal Cinemas assure disposer d'assez de cash pour maintenir son activité, et éviter la liquidation. Mais ce blocage résulte de l'aggravation de la santé financière du groupe.
Il y a encore un an, Regal Cinemas réalisait 5,6 millions de dollars de recettes nettes. Au jour d'aujourd'hui, le groupe accumule une dette de 1,8 milliard de dollars. Comment alors la plus vaste chaîne de cinéma des Etats-Unis a-t-elle pu en arriver là ? Tout simplement en se développant. La firme a été saisie d'un appétit d'ogre, et n'a cessé de bâtir : la moitié des salles de la chaîne ont été implantées après 1997. Cette frénésie d'équipement a plombé le passif du groupe. Dans le même temps, les recettes n'ont pas été suffisantes pour combler le trou financier.
Si Regal Cinemas est un symbole de la dérive des chaînes de multiplexes, sa destinée n'est cependant pas unique. Le groupe envisage désormais de se mettre en faillite volontaire, comme le lui permet le Chapter 11. Grâce à cette loi, le groupe dispose de 180 jours pour organiser sa reprise. Nombre de ses concurrents ont déjà fait ce choix : Edward Cinemas en août, United Artists en septembre, Carminke, ou encore Mann Theatres l'an passé. Ce dernier groupe a finalement été vendu 91 millions de francs lors de sa liquidation.
Cette série est révélatrice de la crise grave que traverse le secteur de l'exploitation aux Etats-Unis, en dépit d'une fréquentation quasiment stable. Le problème réside principalement dans le suréquipement du pays, qui dispose de 39000 salles alors, selon certains analystes, que 20000 suffiraient. Mais ce problème se conjugue au manque de films frais. Faute de produire un nombre suffisant de blockbusters, Hollywood n'aide pas les exploitants des salles. Les multiplexes en sont réduits à multiprogrammer les gros films. Ce qui peut être une source de gros résultats à court termemais qui peut aussi en cas d'échec faire tourner des salles à vide.
La solution semble donc être la réduction du parc, qui devrait revenir à un niveau d'environ 20 000 salles d'ici 2004.
En France, la question pourrait bien se poser. Les multiplexes poussent en effet comme des champignons un peu partout en France, sans réel plan d'aménagement culturel, et le parc de salles ne cesse de croître. Attention donc à ne pas céder à la frénésie des multiplexes, et à ne pas suréquiper l'hexagone.
F.M.L d'après Le Film Français