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    Strasbourg : complexes et multiplexes

    A l'heure de l'ouverture de l'UGC Ciné-Cité, la ville de Strasbourg voit ses cinémas indépendants fermer un à un : la résistance tente de s'organiser.

    La capitale de l'Alsace est le théâtre d'un "drame" de l'exploitation. La ville est en effet désormais quasiment sous la coupe des multiplexes, et les exploitants indépendants ferment tour à tour leurs portes. Au coeur de ce drame passionnel se trouve UGC. Le groupe de Guy Verrechia inaugure en effet aujourd'hui même un Ciné-Cité situé à la limite du centre-ville. Le dernier indépendant de la ville fermera symboliquement ses portes ce soir, pour protester.

    Ce Ciné-cité, qui sera le plus grand construit par UGC en Europe, est une véritable Rolls Royce. Il comprend 22 salles toutes équipées du son numérique, dont une dédiée aux films 3D, des accès pour les handicapés, 2000 places de parking, le tout pour la modique somme de 240 millions de francs. A côté, les salles du centre-ville font pâle figure... Même Le Star, avec ses 10 salles refaites, ne fait pas le poids face au mastodonte et surtout face à la carte UGC illimité.

    Face au géant, les indépendants ne peuvent même pas jouer la carte de la programmation : UGC a en effet l'ambition de miser sur le double créneau du cinéma commercial et du cinéma d'auteur, et consacre la moitié de ses salles à des films en version originale : "On démarre avec 11 versions originales sur la première semaine. Il y aura une programmation très élargie, toutes sortes de films" a déclaré à l'AFP Francis Cazau, le directeur du complexe.

    René Letzgus, propriétaire du Star, qui dispose de 10 salles en centre ville, lance un cri d'alarme, en tant que dernier exploitant indépendant. Il estime en effet que la fréquentation de ses salles devrait chuter d'environ 40% avec l'arrivée d'UGC, qui propose des tarifs bien plus attractifs, notamment grâce à la carte. René Letzgus avait déposé en 1997 un projet de multiplexe plus petit, afin de préserver ses salles, mais avait alors été éconduit par la mairie. L'an dernier, il avait fini par s'associer avec Pathé. En plus de détenir 40% du multiplexe ouvert par l'enseigne au coq d'or à 25 kilomètres de Strasbourg, il dispose d'une carte d'abonnement commune. Mais cela ne suffira vraisemblablement pas à maintenir la fréquentation en centre-ville.

    Rappelons que les autres salles indépendantes de la ville ont déjà fermé leurs portes. Le rideau était tombé sur l'écran du Méliès le 4 juillet dernier. Las de se battre, et redoutant l'ouverture du Cité-Ciné, le couple qui exploitait la salle s'était résigné à vendre, afin de réaliser une jolie plus-value immobilière. Quand au Club, un cinéma ouvert en 1969 par le réalisateur Louis Malle (Ascenseur pour l'échafaud, Au revoir les enfants), il a été fermé à l'été 1999 : Pathé l'a sacrifié à l'ouverture de son multiplexe.

    Comme disait la chanson d'Eddy Mitchell : "La lumière s'éteint déjà / La salle est vide à pleurer / Mon voisin détend ses bras / Il s'en va boire un café / Un vieux pleure dans un coin / Son cinéma est fermé / C'était sa dernière séquence / C'était sa dernière séance / Et le rideau sur l'écran est tombé"

    Pour lutter et tenter de préserver le dernier bastion indépendant, un collectif a été créé, au nom évocateur : "Multiplex du balex". Et ce soir, ce sera une opération "Strasbourg ville cinématographiquement morte". Les 10 salles du Star proposeront en effet un programme unique : "Chronique d'une mort programmée". René Letzgus entend ainsi "montrer à quoi ressemblera la ville dans un an : il n'y aura plus de cinéma".

    F.M.L d'après l'AFP

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