L'image du cinéma français va-t-elle changer dans les chaumières ? Si le cinéma français est souvent qualifié de "cinéma d'auteur et à petit budget", il se pourrait que cette "étiquette" ne soit plus franchement au goût du jour. En effet, dès la fin décembre, le label "cinéma français" rimera très fortement (mais pas seulement) avec gros et très gros budgets. Dès la fin décembre, le cinéma français sort ses plus grosses cartouches. De très grosses productions vont en effet se succéder dans les salles. Demandez le programme* !
Les hostilités débuteront le 6 décembre avec Le roi danse, de Gérard Corbiau. Ce film d'époque qui se passe à la cour de Louis XIV a disposé d'un budget de 120 millions de francs. Il aura à subir la vive concurrence du Grinch, le conte de Noël avec Jim Carrey, qui a terrassé le box-office américain. La semaine suivante, c'est Pascal Légitimus qui entrera en scène avec son premier film en tant que réalisateur soliste. Le budget d'Antilles-sur-Seine n'a rien de comparable avec celui du Roi danse, mais est tout de même de 50 millions de francs. Ca reste au dessus du budget moyen de la production française, qui était de 38 millions de francs en 1999. Il sera opposé à Chicken Run, la dernière trouvaille animée des créateurs de Wallace et Gromit, et dans un autre genre, à Aniki mon frère, le premier film "américain" de Takeshi Kitano. Enfin le 20 décembre, la grosse artillerie sera de mise à l'occasion des fêtes de Noël. Le Prince du Pacifique, d'Alain Corneau, marquera le retour sur les écrans du duo d'enfer Thierry Lhermitte / Patrick Timsit. Doté d'un budget de 120 millions de francs, le résultat devrait être à la hauteur des espérances du public, déjà conquis par Un indien dans la ville en 1994. Sera-t-il le prince du box-office ? Pour cela, il devra combattre Schwarzy et son Aube du sixième jour. Le même jour, Billy Elliot sera également à l'affiche, et il ne faudra pas négliger le bouche à oreille qui se fait autour de ce petit film...
La déferlante des super-productions françaises reprendra en janvier, avec un gros film par semaine. Mortel transfert de Jean-Jacques Beineix (budget : 50 millions de francs), ouvrira le bal. Il sera suivi de Vercingétorix de Jacques Dorfmann (budget : 80 millions de francs). Le 24 janvier, deux films français se télescoperont : tout d'abord Le Placard (budget : 100 millions de francs), de Francis Veber, ou le retour des aventures de François Pignon. Rappelons que Francis Veber est déjà l'auteur du Dîner de cons, mais aussi de La chèvre et des Compères, qui furent tous des succès au box-office. Il sera opposé à Harrison's flower d'Elie Chouraqui, qui dispose déjà d'un très bon bouche à oreilles. La semaine suivante, le très attendu Pacte des loups débarquera sur les écrans. Ce film de Christophe Gans, au budget de 200 millions de francs, marque le début d'une vague de cinéma fantastique français, qui sera très certainement la tendance de l'année 2001.
Février sera placé sous le double signe de la comédie et des budgets plus "intimistes". Le 7 février, la joyeuse équipe de La vérité si je mens vous proposera la suite de ses aventures. Doté d'un budget de 82 millions de francs, ce sequel espère faire mieux que les 4,8 millions d'entrées du premier. Il sera suivi par des films aux budgets moins conséquents allant de 40 à 55 millions de francs. Barny et ses petites contrariétés, de Bruno Chiche, sortira le 21 février. Il sera suivi d'Intimité, le premier film de Patrice Chéreau en langue anglaise, et Les Morsures de l'aube, d'Antoine de Caunes, tous les deux le 14 mars. En revanche, L'ennemi aux portes, de Jean-Jacques Annaud, qui sortira le même mars, n'est pas considéré comme un film français, car son financement est américain.
Les "hostilités" reprendront le 28 mars prochain, avec Belphégor, de Jean-Paul Salomé. Avec un budget aux alentours de 100 millions de francs, cette adaptation cinématographique de la fameuse série des années soixante sera l'événement des vacances de Pâques. A voir les budgets de certains films en préparation, le phénomène n'est pas près de s'arrêter. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre est en effet en tournage, et déjà prévu pour février 2002. Cette politique un peu plus agressive des producteurs indique une certaine prise de risques. Cette politique, qui consiste à répliquer à la déferlante américaine en utilisant les même armes, mais sans pour autant renier la spécificité française, offre une nouvelle alternative à "l'invasion" US.
* Les dates de sortie des films ne sont données qu'à titre indicatif, sous réserve de changements.
F.M.L d'après Le Film Français