Duel entre Ciel et Terre ce week-end pour la première place du box-office américain. La sphère céleste a délégué les divines créatures de Charlie et ses drôles de dames de Joseph McGimby Nichol – Charlie's Angels en V.O. – tandis que les flammes de l'enfer ont éructé d'une comédie démoniaque signée Adam Sandler, Little Nicky. Au final ce sont les dames plus drôles qu'angéliques qui ont mené la danse de cette salsa du démon : 25 millions de dollars de recettes pour son second week-end dans les salles contre un peu plus de 18 millions de dollars dans le tiroir-caisse méphistophélique. Charlie et ses drôles de dames continue à triompher du mal et du box-office. En dix jours le trio infernal gouverné par Charlie a totalisé 75,4 millions de dollars de recettes et s'approche à grandes enjambées de la fatidique barre des 100 millions.
Mais les drôles de dames que sont Drew Barrymore, Lucy Liu et Cameron Diaz ne s'en tiennent pas à ces considérations numéraires. Héritières de Farrah Fawcett, Kate Jackson et Jaclyn Smith sur grand écran, les trois actrices vont également leur succéder dans le tube cathodique. ABC, chaîne télé qui diffusait la série Drôles de dames dans les années 70 (avec les brushings virevoltants des trois sus-nommées), vient de se porter acquéreur de droits de diffusion du long-métrage de McG actuellement en haut des charts cinématographiques. Les enchères auraient grimpé jusqu'à quelques 35 millions de dollars proposées par ABC pour évincer NBC, CBS, Fox et autres USA Network de la course aux anges de Monsieur Charlie.
Et tant pis pour Adam Sandler. Dieu du petit-écran outre-Atlantique (déjà entendu parler de Saturday Night Live ?), bête du box (-office), ses précédents films avaient cartonné dès les trois premiers jours de sorties – 39,4 millions de dollars pour The Warterboy puis 41,5 millions pour Big Daddy. Et voilà que Little Nicky, qui campe les déboires d'un des fils du Diable (Harvey Keitel) envoyé en mission sur terre et assez peu disposé aux manigances démoniaques de son géniteur, n'enregistre "que" 18,6 millions de dollars de recettes trois jours après sa sortie dans les salles américaines. Diable (c'est le cas de le dire), mais comment se fait-ce ? Primo, ces satanées drôles de dames ont fait beaucoup mieux qu'escompté. Deuxio, l'actuel numéro un du B.O. est beaucoup plus fédérateur que le challenger – les élucubrations humoristiques d'Adam Sandler, à éponger avec de la terre de Sommières, sont assez peu du goût de délicates damoiselles au langage châtié.
Et tandis qu'Adam Sandler lutte pour maintenir sa réputation, Robert DeNiro est en train de devenir le nouveau pourfendeur de box-office. Depuis six semaines il squatte les premières places avec l'aérien Mon beau-père et moi (Meet the parents), quatrième cette semaine avec 10,5 millions de dollars de nouvelles recettes. Le voilà également à l'affiche de Men of Honor, nouvelle entrée parachutée à la troisième marche du podium avec 14 millions de dollars engrangés en trois jours d'exploitation. Le chauffeur de taxi qu'il fût en 1975 chez Scorsese s'est reconverti en officier de la Marine qui assiste aux exploits du premier plongeur noir de l'U.S. Navy (Cuba Gooding Jr.).
Les deux premières places ont donc déjoué certains pronostics. D'autres surprises sont venues se nicher dans le box-office américain de ce week-end. Après quatre semaines d'exploitation, Billy Elliot déboule comme un jeune premier dans les rangs du top ten. Alors que bon nombre de films sont tombés aux oubliettes passé l'engouement des premiers jours, la comédie britannique fait son entrée à la neuvième place du classement avec 2,7 millions de dollars de recettes. La consécration donc en ce cinquième week-end à l'affiche, avec 6 millions de dollars de recettes apporté par un public généralement catalogué comme bovin de ce côté-ci de l'Atlantique.
M.C.B.