Après une semaine forte en déclarations autour des cartes d'abonnement au cinéma, c'est maintenant au tour du SPI, le syndicat des producteurs indépendants, de s'exprimer. Lucide, le SPI sait bien qu'une brèche a été ouverte, et qu'il paraît désormais difficile de supprimer les formules d'abonnement au cinéma.
Selon le magazine Ecran Total, qui a réalisé un dossier très complet sur le thème de la carte, 130 000 abonnements ont déjà été vendus, pour une fréquentation moyenne de 4 à 5 entrées par mois. Un sondage réalisé auprès d'un échantillon de spectateurs indique que les abonnés cinéma ont multiplié leur fréquentation par 4. Pragmatique, le SPI propose alors une libre circulation de la carte entre les enseignes, en reprenant le concept de "carte orange" du cinéma, déjà évoqué, afin que les exploitants comme les ayants-droits profitent de ce boom de la fréquentation.
La carte fonctionnerait comme la célèbre carte orange, la formule d'abonnements aux transports parisiens. Elle serait limitée à une "zone de validité", et ouvrirait l'accès à tous les cinémas de la zone, qu'ils appartiennent à un réseau ou soient indépendants. Le montant de l'abonnement serait fixé chaque année lors d'une concertation interprofessionnelle. Afin de garantir le bon fonctionnement du système, la gestion globale de cette "carte orange" serait confié au CNC. Il aurait alors pour mission de :
délivrer un agrément aux salles pour l'utilisation de la carte
contrôler les ventes d'abonnements
contrôler la remontée des recettes sur les entrées réalisées grâce aux cartes : le CNC devrait alors déterminer le prix "réel" de la place de cinéma, en divisant le montant total des recettes provenant de la vente des abonnements par le nombre d'entrées réalisées grâce aux cartes. Chaque billet devrait alors mentionner le titre du film et le numéro de la carte d'abonnement.
Garantir un prix de base pour la rémunération des ayants-droits, dont 50% serait attribué au distributeur, ce qui implique que ce prix plancher serait net, c'est à dire après les taxes obligatoires. Ce prix de base est actuellement de 33F.
Ce projet trouvera-t-il un écho au sein de la profession ? Pour le moment, chaque organisme exprime son point de vue, mais après 6 mois d'exploitation, les cartes sont toujours au centre de cette polémique, sans que de véritables solutions aient été trouvées. Un projet présenté par Catherine Tasca a été voté par le Sénat, et sera proposé aux députés dans les prochaines semaines. D'ores et déjà, des voix s'élèvent contre... Décidément, les formules d'abonnement au cinéma n'ont pas fini de faire parler d'elles !
F.M.L avec AFP