Jean-Pierre Hoss a présenté hier le budget du Centre national de la cinématographie pour l'année 2001.
Les fonds seront de 3,1 milliards de francs, ce qui représente une progression de 9,18 % par rapport à cette année, soit 250 millions de francs.
Pour mémoire, rappelons que les ressources du CNC proviennent à la fois des recettes des comptes de soutien au cinéma et à l'audiovisuel et d'une dotation ministérielle. La hausse du budget du CNC est possible grâce aux recettes fructueuses du compte de soutien, qui augmente de 9,5%, alors que la dotation ministérielle reste stable.
Le compte de soutien à l'industrie cinématographique et audiovisuelle
Le compte de soutien à l'industrie cinématographique et audiovisuelle constitue la principale recette du CNC, puisqu'il représente plus de 2,6 milliards de francs, soit presque 84% du budget global du CNC. Il est alimenté par plusieurs taxes :
La TSA, une taxe sur le prix des places
Prélevée sur chaque ticket de cinéma, son montant varie selon le prix du billet, et correspond en moyenne à 11% de la place. Selon les estimations du CNC, elle rapportera 634 millions de francs en 2001, ce qui correspond à 176 millions de spectateurs dans les salles.
On attend en effet quelques superproductions, qui devrait pousser le public dans les salles obscures.. Outre les blockbusters américains, quelques gros films français devraient séduire les foules, parmi lesquels Le Pacte des loups, La vérité si je mens 2, ou encore Le Placard, la nouvelle comédie de Francis Veber, déjà auteur du Dîner de cons.
L'effet cartes illimitées devrait aussi se ressentir sur le chiffre de la fréquentation. Si l'impact de la carte UGC est perceptible dès cette année, la bataille des cartes, avec l'entrée en jeu des cartes abonnements concurrents sera certainement plus perceptible dès l'année prochaine. Si le chiffre de 176 millions d'entrées était atteint, ce serait le meilleur score enregistré depuis le milieu des années 80 : 175 millions d'entrées avaient été enregistrées en 1985, notamment grâce au succès de Trois hommes et un couffin, et 201 millions d'entrées en 1982, l'année de la sortie de E.T.. A titre de comparaison, le nombre d'entrées a atteint 123,5 millions de spectateurs sur les 9 premiers mois de l'année, pour un résultat global estimé à environ 165 millions d'entrées pour toute l'année 2000. Elle était de 155 millions en 1999, et de 170,57 millions en 1998, effet Titanic oblige.
Le prélèvement spécial sur les films pornographiques et d'incitation à la violence
Les films pornographiques et d'incitation à la violence sont soumis à une réglementation spécifique.
D'un point de vue financier, c'est la seule catégorie de films qui ne peut avoir accès au compte de soutien automatique. Pour mémoire, la taxe spéciale alimente le compte de chaque producteur, qui épargne ainsi 11% des recettes de son film, qui seront débloquées lorsqu'il voudra produire un autre long-métrage. Excepté pour les producteurs de films pornos... Second handicap, ces films subissent une TVA à 20,6 %, contrairement aux autres films qui, considérés comme "biens culturels", ne disposent d'une TVA que de 5,5%. Enfin et c'est là le plus important concernant les recettes du CNC : les films pornographiques et d'incitation à la violence sont soumis à une surtaxe particulière qui représente 1/3 des recettes de ces films. Cependant, ces recettes sont minimes pour le CNC : elle ne représentaient que 200 000 francs en 2000, et ne devraient pas évoluer en 2001. Le marché du film pornographique est en effet relativement réduit, et aucune explosion n'est attendue dans ce secteur.
La taxe sur les services de télévision
Les chaînes de télévision sont soumises à une taxe de 5,5 % de leur chiffre d'affaires, et représente un total de 1,89 milliard de francs, soit 60% du budget global du CNC. Pourquoi cette taxe ? Tout simplement parce que le principal produit d'appel de la télévision reste le cinéma. En 2001, 36% de cette taxe sera allouée à l'industrie cinématographique. Cette manne a représenté plus de 680 millions de francs en 2000, et est évaluée à plus de 774 millions de francs, en raison de la reprise du marché publicitaire, qui va doper encore un peu plus les recettes. Les 64 % restant sont alloués à l'industrie audiovisuelle.
La taxe sur la commercialisation des vidéogrammes
Une taxe de 2% est prélevée sur les ventes de vidéogrammes, quel que soit le format (VHS, DVD...). Tout comme la taxe sur les services de télévision, elle sera répartie entre l'industrie cinématographique (15%) et l'industrie audiovisuelle (85%). La part allouée à l'industrie cinématographique était de 76,5 millions de francs en 2000, mais ces recettes sont estimées à la baisse pour 2001, à 68 millions de francs.
Les recettes diverses
Au rayon "recettes diverses", on trouve aussi bien le produit des amendes infligées par le CNC pour le non-respect du code de la cinématographie, que le remboursement de l'avance sur recettes. Les films bénéficiant de l'avance sur recettes sont en effet censés rembourser les sommes avancées avec les recettes dégagées par le film lors de son exploitation en salles. Evaluées à 13 millions dans le budget 2000, leur montant restera stable en 2001.
Les nouveautés du budget 2001 au chapitre cinéma
Jean-Pierre Hoss a développé les actions du CNC dans le domaine cinématographique. Les crédits destinés aux aides sélectives augmenteront de 16,63%. Parmi les nouvelles mesures, signalons :
Renforcement des aides en faveur de l'art et essai
La dotation du CNC aux salles indépendantes classées art et essai sera renforcée, afin d'aider les exploitants indépendants face au développement des multiplexes et des cartes d'abonnements illimités. Ceci afin de maintenir leur programmation, d'éviter les disparitions de salles, afin de préserver la diversité de l'offre de films. Un assouplissement des règles d'intervention des municipalités est également prévu, afin de permettre aux collectivités locales de soutenir leurs cinémas, même s'ils ne sont pas classés "art et essai".
Aide au court-métrage
42 millions de francs supplémentaires seront débloqués en faveur du court-métrage, afin de permettre l'éclosion de nouveaux talents. Les ¾ de cette aide seront consacrés à la production de programmes courts, le quart restant étant consacré à sa promotion, via l'attribution d'aides aux diverses associations dédiées au court-métrage.
Aide à l'écriture de scénario
Suite à la remise du rapport de Charles Gassot, de nouvelles mesures en faveur de l'écriture de scénario sont à l'étude.
Bilan de l'année 1999
En 1999, 181 films français ont obtenu l'agrément de production du CNC, ce qui montre la vitalité dans le secteur de la production de long-métrages. En revanche, l'argent consacré à financer les projets a reculé de 8%.
En 1999, 525 films sont sortis sur les écrans français, ce qui est un record : la moyenne annuelle est en général de 400 films par an. Cet essor de la distribution est inégalé sur les deux précédentes décennies, et résulte de l'essor général de la production cinématographique dans le monde.
En 1999, 155 millions d'entrées ont été enregistrées dans les salles. Ce chiffre est en baisse par rapport à 1998, qui avait connu un pic à 170 millions d'entrées, effet Titanic oblige. Les entrées sont estimées à 165 millions de francs pour 2000. Toutefois, ce chiffre global masque les différences entre les différents opérateurs : les entrées sont en effet inégalement réparties, les multiplexes réalisant environ 30% des entrées globales dans seulement 16% des salles, et parfois beaucoup plus dans les grandes agglomérations. Ce phénomène risque de s'aggraver avec l'apparition des cartes illimitées.
La part du cinéma français s'est maintenue à 30% des entrées lors des 9 premiers mois de l'année 2000. Ce bon résultat doit cependant être consolidé.
Enfin pour terminer, Jean-Pierre Hoss a rappelé qu'un projet visant à encadrer les cartes illimitées est actuellement à l'étude au Sénat.
F.M.L