"UGC a des problèmes avec les Anglais" titrions-nous le 10 août dernier. On parlait alors du boycott du distributeur UIP sur les salles UGC anglaises suite à la commercialisation de la carte UGC Illimitée outre-Manche. On aurait pu croire que d'autres studios allaient lui emboîter le pas dans ce mouvement de protestation, mais non. Commercialisée depuis le 10 juillet, la carte UGC Unlimited est passée comme une lettre à la poste.
Est-ce ce flegme si typiquement britannique qui fait que la pilule UGC Illimitée soit si bien passée outre-Manche ? Nos voisins ont en effet eu le temps de se préparer à ce qui a fait l'effet d'une bombe dans l'Hexagone. La préhistoire de la carte UGC Illimitée remonte à l'ère Virgin. Les salles de cinéma de Richard Branson lancent en avril 1999 le Megapass, une carte qui donne un accès illimité aux salles Virgin pour 160 francs pour un mois ou 270 francs pour huit semaines. La chose est rentabilisée à raison d'une visite hebdomadaire.
En automne, le groupe UGC rachète les 39 salles Virgin et récupère le concept de la carte. Mais UGC va plus loin. Le Megapass est transposé en abonnement annuel et le prix mensuel descend à £9,99, soit 110 francs. La carte UGC Illimitée est née. Particularisme rosbif oblige, le forfait est majoré pour les Londoniens, qui doivent payer le double des autres anglais ! Et pourtant, rien n'y fait, ni public, ni distributeurs ne semblent réellement s'en émouvoir. Avec 343 écrans sur 2554 dans tout le royaume, UGC ne pèse évidemment pas le même poids que de ce côté-ci de la Manche. Seul UIP résiste un peu et menace de priver UGC de la distribution de ses films (Shaft, Chicken Run, Billy Elliott, El Dorado, U-571...). Mais quand en France on saisit les autorités et fait des déclarations fracassantes, les Anglais commencent par s'asseoir autour de la table des négociations.
Rien à espérer non plus du côté des indépendants. Pour eux, qui ne touchent guère que 25 % du prix d'entrée, une baisse générale du prix des entrées causée par la pression de la carte UGC sur la concurrence serait désastreuse. Pour l'heure, silence radio. Mais il faut se méfier de l'eau qui dort. Qui sait, peut-être que le monstre du Loch Ness se réveillera un de ces jours...
M.C.B. avec Libération