Approchez, approchez, mesdames et messieurs ! La foire bat son plein sur Sunset Boulevard ! Dix dollars seulement pour un strapontin, à peine 50 dollars pour être aux premières loges. Et que les portes de la production s'ouvrent au chaland ! Voilà en somme le programme proposé conjointement par Lions Gate Films, société canadienne indépendante de production et de distribution de films, et Hollywood Stock Exchange (HSX), société de spéculation virtuelle sur la popularité des films et des stars. Ces deux marginaux du cinéma américain proposent aux internautes de devenir les producteurs virtuels du film L'ombre du vampire, moyennant un droit d'entrée de 10 dollars pour être simple cyber-producteur associé ou 50 dollars pour être producteur exécutif virtuel.
Une poignée de dollars pour figurer au générique du film d'Elias Merhidge, produit par la société de Nicolas Cage et avec John Malkovich dans le rôle titre, voilà qui semble plutôt sympathique voire alléchant.
D'autant plus que la mise de départ peut se solder par un petit dividende en retour, si le film marche bien. Si L'ombre du vampire enregistre 10 millions de recettes américaines, ce sont 150.000 dollars qui seront redistribués à la communauté internaute. La mise est doublée au cas où le film passe les 15 millions et le jackpot de 500.000 dollars de dividendes peut tomber si le box-office se montre particulièrement clément avec le film (20 millions de dollars de recettes). Avec 15.000 souscripteurs, cette dernière solution permettrait en moyenne à chaque producteur accro au mulot de toucher 33 dollars.
Pas si enrichissant que ça pour l'internaute qui cherche l'appât du gain. Surtout que, question ego, le nom figure seulement au générique du DVD, puisque L'ombre du vampire est déjà dans la boîte depuis belle lurette.
Si les dirigeants de HSX promettent que les cyber-producteurs auront leur mot à dire dans la production et la campagne marketing du DVD, on peut douter du parfait syncrétisme entre la sphère réelle et la sphère virtuelle.
En revanche, cette opération est particulièrement intéressante pour les sociétés de production bien réelles, Lions Gate et Saturn Films. Faire participer des internautes au développement d'un film, c'est être en contact direct avec son public et récolter les commentaires peut-être salvateurs. Souvenez-vous de l'été dernier et de la publicité faite à différents niveaux au Projet Blair Witch sur la toile... Cyber-marketing cela s'appelle à l'heure de la net économie.
L'opération pilote sur le DVD de L'ombre du vampire permettra certainement de peaufiner le concept. Sur le plus long terme, les dirigeants de HSX assurent vouloir impliquer sérieusement la production virtuelle dans le développement des films et veiller à faire passer les informations dans les temps. Hollywood Stock Exchange est déjà en train de négocier avec d'autres studios. Objectif : lancer une douzaine de campagnes par an.
Si l'aventure vous tente, l'inscription c'est sur le www.virtualproducer.com que ça se passe. Mais ne rêvez pas, vous ne serez pas crédité aux côtés de Nicolas Cage.
M.C.B. avec Hollywood Reporter