Requiem for a dream fait les frais du débat actuel sur la violence aux Etats-Unis. L'histoire est quelque peu compliquée, mais en substance, le film ne sera finalement pas accessible aux mineurs de moins de 17 ans. Rappel des faits et explications.
Adapté du roman Retour à Brooklyn, d'Hubert Selby Jr, Requiem for a dream met en scène la descente aux enfers d'un quatuor de drogués. La Motion Picture Association of America (MPAA), qui attribue les classements à tous les films, avait gratifié le film du classement NC-17, en raison du caractère sexuellement explicite de certaines scènes. Or ce classement est le pire qui puisse exister puisqu'il interdit l'accès des moins de 17 ans au film, et condamne en partie son exploitation. Contestant cette décision, Artisan Entertainement, producteur du film, a décidé de sortir le film "unrated", c'est à dire sans aucun classement. Si cette situation est possible, car aucun texte n'oblige une société de production ou de distribution à présenter son film au MPAA, cette situation est toutefois extrêmement rare. La profession a en effet pris l'habitude de se soumettre au jugement de la commission de classement. Si Artisan n'a pas voulu s'y plier, c'est vraisemblablement en raison des conséquences économiques uinduites par un classement NC-17. Rendant le film inaccessible aux adolescents, ce classement condamne les films à de moins bons résultats, et met un frein à leur rentabilité.
L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais deux chaînes de salles de cinéma ont indiqué à Artisan qu'elles n'accepteraient aucun mineur de moins de 17 ans dans leurs salles aux séances de Requiem for a dream, et demandait à Artisan de mieux informer le public concernant le contenu du film. Artisan a finalement cédé à cette requête, et accepté de se plier à la décision originelle du MPAA. La compagnie vient donc d'annoncer la parution d'avertissements dans toutes ses publicités concernant le film, afin de bien informer le public de l'interdiction du film à tous les mineurs de moins de 17 ans. Ce revirement s'inscrit dans le cadre du débat actuel sur l'exposition des mineurs à la violence au cinéma. Hollywood est en effet confronté à un large débat sur la violence au cinéma et des contenus violents mis à disposition des mineurs via le septième art. Nombreuses sont les compagnies qui ont fait leur mea culpa. La décision d'Artisan est un pas de plus dans cette direction.
Pour la petite histoire, Darren Aronofsky s'était engagé par contrat à effectuer le montage de Requiem for a dream de manière à ce que le film soit au maximum classé R, c'est à dire autorisé aux moins de 17 ans accompagnés d'un adulte, ce qui est moins restrictif. Notons au passage la solution choisie par Artisan Entertainement. Au lieu de demander à Darren Aronofsky de remonter son film, la société a choisi de conserver le montage effectué par le réalisateur plutôt que de mutiler le film : ce choix en faveur de l'artiste est suffisamment rare aux Etats-Unis pour être souligné.
F.M.L avec The Hollywood Reporter