Après 33 ans d'interdiction, le ministère irlandais de la justice vient d'autoriser la distribution du film Ulysses, réalisé par le cinéaste américain Joseph Strick en 1967.
Inspiré du roman Ulysse, de l'écrivain irlandais James Joyce, Ulysses avait soulevé une grosse controverse, notamment par son utilisation quasi-systématique du mot "fuck" et d'autres vulgarités. L'ampleur de la polémique avait même incité son auteur à renoncer à présenter le film au festival de Cannes, et celui-ci avait été censuré dans plusieurs pays lors de sa sortie.
A titre d'exemple, la Nouvelle-Zélande avait autorisé la programmation du film, mais à l'expresse condition que les spectateurs féminins et masculins ne soient pas mélangés.
Le roman de James Joyce, publié en France en 1922, avait d'ailleurs lui aussi été interdit pendant 14 ans en Irlande également pour son obscénité. Ulysse, qui présente l'histoire d'un personnage de l'intérieur, de manière quasi-organique, reste l'une des oeuvres majeures de la littérature du vingtième siècle, fidèle au style de Joyce, quasiment sans grammaire et symptômatique de la "pensée spontanée".
Fait amusant, Ulysses avait été tourné à Dublin. Mais il avait été interdit avant même sa sortie sur le territoire irlandais, sentence qui avait été confirmée 7 ans plus tard lors du réexamen du dossier. Depuis, plus aucune demande n'avait été faite. Lors d'un récent voyage en Irlande, où il a constaté un grand changement dans les mentalités, le réalisateur Joseph Strick a tenté une nouvelle fois d'obtenir l'autorisation de diffuser son film. Cette nouvelle requête s'est cette fois conclue par la positive, puisque le film a été autorisé.
Cenpendant, en raison de son contenu à la fois très cru en ce qui concerne le vocabulaire, et à forte connotation sexuelle, Ulysses restera toutefois interdit aux moins de 15 ans en Irlande. Rappelons que l'an dernier, l'Irlande avait déjà levé la censure qui pesait sur Orange mécanique, le chef-d'oeuvre de Stanley Kubrick. L'Irlande semble donc prête à tourner la page de ses années d'interdiction, et à se montrer plus proche de ses collègues européens en matière d'autorisations.
F.M.L avec l'AFP