Lors du 55ème congrès des exploitants, Catherine Tasca s'est exprimée devant les dirigeants de salles réunis en assemblée. Peu avant l'arrivée de la ministre de la culture, la profession avait largement débattu de "la guerre des abonnements illimités", dans une discussion très vive, et adopté à une large majorité une motion condamnant le principe de la vente au forfait. Dans cette atmosphère très tendue, la ministre a tenu à rassurer les exploitants, dont elle partage les inquiétudes, et apporter ses réponses.
Catherine Tasca a donc annoncé la mise en place d'une série de mesures, destinées à "réguler ces pratiques en les rendants compatibles, sous certaines conditions et garanties, avec la préservation des grands équilibres (...) auxquels toutes les chaînes du cinéma ont intérêt". Elles seront intégrées dans le projet de loi sur les nouvelles régulations économiques, qui sera examiné au Sénat dès le 10 octobre.
Juridiquement, toutes les cartes devront répondre aux critères suivants :
- un contrôle des billetteries pour assurer une parfaite traçabilité des entrées ;
- une transparence absolue de la remontée des recettes aux ayants droit ;
- un engagement de longue durée de la part des opérateurs quant au niveau de rémunération des ayants droit, conforme aux pratiques jusque-là observées ;
- l'application de la taxe spéciale à chaque entrée ;
- l'ouverture des cartes aux indépendants de la zone de chalandise, à des conditions équitables et sans exclusivité ;
Enfin, pour s'assurer du respect de ces critères, Catherine Tasca a indiqué : "Toutes les formules d'abonnement devront faire l'objet d'un agrément préalable du CNC, qui s'assurera que ces conditions sont strictement respectées".
Sur les autres chapitre du dossier "exploitation", la ministre s'est aussi exprimée. Concernant l'implantation des multiplexes, elle a annoncé plusieurs mesures destinées à réguler leur implantation, afin de prévenir "une situation de suréquipement", comme c'est actuellement le cas aux Etats-Unis. Les dossiers présentés aux CDEC (commissions départementales d'équipement cinématographique) pour l'ouverture de multiplexes devront donc prendre en compte à la fois le parc déjà existant, et contenir des engagements de programmation, concernant notamment la multi-diffusion des films. Catherine Tasca envisage d'ailleurs de baisser de 1000 à 800 le nombre de sièges pour que le dossier soit étudié par les CDEC. Enfin des mesures spécifiques concernant les salles indépendantes et d'art et essai seront proposées au Parlement, afin de soutenir ce secteur de l'exploitation.
Force est de constater que la ministre de la culture et de la communication a bel et bien décidé d'intervenir dans le débat, et de mettre les pieds dans le plat de l'exploitation. Le feuilleton des abonnements cinéma se poursuit donc, en attendant la décision des parlementaires, à qui sera présenté le projet.
F.M.L avec l'AFP