Ce n'est pas la première fois que Romance est interdit : depuis sa création, le film de Catherine Breillat a été régulièrement censuré. Mais une fois n'est pas coutume, vendredi dernier, c'est la police qui a mis fin à une projection. Banni de Chypre en raison de ses scènes sexuelles très explicites, le film n'était pas autorisé à être diffusé dans les cinémas ni dans les ciné-clubs.
La police a donc investi le ciné-club l'Acropole de Nicosia, vendredi soir, alors qu'une dizaine de personnes regardaient le film. Et a rejeté toute supposition selon laquelle les spectateurs auraient participé à une projection privée, qui elle, est autorisée par la loi. Le chef de la police criminelle a en effet précisé : "Quand la loi évoque une projection privée, cela signifie que le lieu de la projection est privé, comme l'est une maison. Mais vous ne pouvez pas montrer un film censuré en prétendant que cette projection a lieu pour un groupe spécifique."
Selon un membre du club, les propriétaires auraient d'abord refusé de montrer le film, puis accepté après avoir consulté des avocats. Les membres devaient se réunir pour discuter de cette affaire et voir quelle position adopter. Selon eux, "il ne s'agit pas d'un club en particulier. Cette affaire repose sur un principe tout entier, qui concerne la censure et la liberté d'expression à Chypre, et nous poursuivrons notre campagne dans ce sens".
Effectivement, si la censure est encore active dans de nombreux pays, on peut se demander en quoi la police est à sa place en intervenant au milieu d'une projection, si sexuellement explicite soit-elle. Il faudrait alors mener une réflexion sur la censure en général. Ce fait divers concernant Romance ne fait que révéler un malaise bien plus profond.
F.M.L avec Reuters