AlloCiné : Si vous n'étiez pas dans la profession, qu'auriez-vous fait ?
Lionel Delplanque : Je ne peux pas répondre à cette question. Pour la bonne raison que c'était le cinéma ou rien du tout. Si je n'avais pas été réalisateur, je n'aurais rien fait.
Votre premier souvenir cinéma
Bernard et Bianca à l'UGC des Ulysses, en banlieue parisienne. J'avais été assez effrayé par ces histoires de radeaux, d'hydroglisseurs, de souris...
Votre référence absolue comme réalisateur
Je n'ai pas véritablement de réalisateurs de référence. J'ai des films cultes. Par exemple, Il était une fois en Amérique de Sergio Leone, un film que j'adore. Brazil de Terry Gilliam, aussi. Je n'ai donc pas de réalisateurs cultes, car je crois qu'un réalisateur peut être décevant sur un film, et génial sur le prochain. Ce sont donc plus finalement des films que des réalisateurs.
A ce jour, professionnellement, votre plus grand regret
Pour l'instant, je n'ai pas trop de regrets. J'espère que j'en aurais pas après le 14 juin (date de sortie de Promenons-nous dans les bois NDLR). J'ai pu faire ce film assez vite. C'est un film que je porte depuis deux ans. Deux ans, c'est court dans le cinéma. Mais, dur si on doit traîner un film pendant cinq, dix ans. Cela doit être dur de ne pas s'épuiser, et d'être toujours aussi enthousiaste sur le même projet.
Promenons-nous dans les bois est un film qui compte beaucoup, qui a changé des choses dans ma vie. Je pense que je ne serais plus le même après Promenons-nous....
Votre meilleur souvenir professionnel
C'est justement Promenons-nous.... C'est un film que j'ai réalisé jeune ; j'avais 27 ans. Cela m'a permis de travailler avec des comédiens formidables, comme Clotilde Courau, Clément Sibony, Vincent Lecoeur, Alexia Strési, François Berléand, Denis Lavant... Mais, aussi des gens avec qui j'avais fait des courts métrages, qui sont de ma génération. C'est un souvenir très fort pour moi.
Votre film de chevet
Il était une fois en Amérique de Sergio Leone. Un film sublime. Une saga qui se passe sur plusieurs années, avec des rebondissements incroyables. Mais, quand on y regarde de plus près, l'histoire ressemble presque à la collection "Arlequin", de la trahison, des révélations... Mais, tout cela si sublimement mis en scène que l'histoire en devient une tragédie grecque.
Votre plus grand désir
Continuer à faire des films. Le cinéma est fait de telle manière que la chance que l'on a à chaque film, c'est de pouvoir rejouer une seconde fois, ensuite une troisième, une quatrième fois... A chaque film, on apprend des choses. Le jour où l'on n'est plus curieux, on m'a dit qu'il fallait arrêter tout de suite.
Avez-vous un don, un talent caché ?
Il est caché. C'est pour cela que je n'en parlerai pas.
Qu'est-ce que "Promenons-nous dans les bois" ?
Promenons-nous dans les bois est un cauchemar dont on ne s'en remet pas. Les cinq comédiens qui arrivent dans ce château pour interpréter Le Petit Chaperon Rouge vont vivre des histoires tragiques, dramatiques ; les habitants du château aussi. Ceux qui vont s'en sortir ne seront plus jamais les mêmes. Le film se passe en une seule nuit. Ils seront soit libérés, soit traumatisés à vie.
La naissance du film
L'idée du film est née d'un pari : faire peur, car pour un réalisateur, c'est passionnant de créer des émotions. Faisons le pari de faire un film d'horreur en France, parce que j'aime ce genre. Cela me permet aussi de travailler sur les effets spéciaux que j'adore. Un gros travail sur la bande-son, les maquillages, les explosions... En plus, tourner en Cinémascope. Je trouvais ainsi intéressant de commencer par un film d'horreur.
Vos références en matière de cinéma d'horreur
Les références classiques sont Shining, Massacre à la tronçonneuse ou encore Braindead de Peter Jackson. Des histoires kitsch et très drôles. Mais aussi, toute l'école italienne comme Dario Argento que je trouve formellement intéressant.
Le choix des comédiens
Le choix des comédiens s'est opéré par un gros travail de casting pour les cinq comédiens. Ils devaient à la fois fonctionner individuellement et en groupe. C'était très important qu'il y ait des liens forts entre eux. Beaucoup d'essais ; j'ai rencontré énormément de gens.
Par exemple, pour Clotilde Courau, je ne pensais pas initialement à elle. Elle a vu mes courts métrages, lu le scénario ; elle a voulu me rencontrer. On a fait des essais, et j'ai été bluffé. J'ai été très content de travailler avec cette comédienne, car elle donne beaucoup pour la mise en scène. De même pour les autres jeunes comédiens qui se sont investis dans le film. Car c'est aussi un film de génération ; on a tous le même âge. Donc, on était tous très liés. Comme pour François Berléand, Marie Trintignant et Denis Lavant qui sont des acteurs plus expérimentés, mais qui se sont parfaitement prêtés au jeu avec beaucoup d'humour.
La scène la plus dure à tourner
Une séquence où un harpon qui doit sortir de son canon est parti tout seul. On a eu très peur. Mais, c'est marrant de voir à quel point la paranoïa de l'histoire a gagné l'équipe quand des accidents bénins comme des projecteurs qui tombent ou des vitres qui cassent - se sont produits sur le tournage de ce film d'horreur et d'angoisse.
Les difficultés rencontrées pour monter un tel film
Quand on a un projet comme Promenons-nous dans les bois, les gens nous disent à la fois que c'est très excitant de faire un film d'horreur en France, mais en même temps est-on capable de le faire correctement, il y a Scream, et les autres films. Moi, finalement, j'ai essayé de proposer un scénario qui a sa propre originalité : une version gore-trash du Petit Chaperon Rouge. Une fois que les gens se sont lancés dans l'aventure, ils se sont donnés à fond, et c'est génial pour cela. On a essayé de faire un film spectaculaire.
Promenons-nous dans les bois n'est pas le premier film d'horreur français. C'est un des rares films pour lequel on a eu les moyens de faire des effets spéciaux, des explosions, de donner une dimension spectaculaire à l'image ; alors que le plus souvent, les films de ce genre en France étaient cantonnés à la série Z, genre Jean Rollin, le Ed Wood à la française.
Vos prochains projets
J'en ai plusieurs. Mais, mon prochain projet est une sorte de road-movie fantastique à travers le monde, où un enfant part à la recherche de son père, un bandit légendaire. Une sorte de film délire un peu héroïque-fantaisie.