Au terme de ses trois jours, la Fête du cinéma a réalisé de moins bons chiffres que l'an dernier : seulement 3,8 millions d'entrées, contre 4,3 l'an dernier. Alors, comment expliquer la baisse ? Premier suspect : le football. Pour son premier jour, la Fête du cinéma avait en effet un rival de poids : l'équipe de France rencontrait l'Espagne en quart de finale de l'Euro 2000. Selon les chiffres, la baisse de la fréquentation a été de 20% de jour là en comparaison avec ceux de l'an dernier. Mais le foot peut-il résumer à lui seul une désaffection du public ?
Bien que nationale, la Fête du cinéma a toujours réalisé les plus gros scores sur Paris et sa région. Or les jeunes cinéphiles parisiens sont aussi parmi les plus nombreux détenteurs de la carte UGC illimitée (dont la vente est suspendue depuis le 9 mai). Et pour les dizaines de milliers de titulaires de cet abonnement, la Fête du cinéma n'a aucun intérêt : pourquoi repayer les séances, et faire la queue sans être certain d'entrer dans la salle, quand avec l'abonnement on peut réserver sa place et l'inclure dans sa consommation illimitée quelques jours avant ou après la Fête ? Ce forfait pourrait expliquer en partie la chute de la fréquentation de 22% au cours de cette fête sur la région.
Enfin pour terminer, n'oublions pas que la Fête du cinéma est un événement ponctuel, et dépend des films distribués dans les salles à ce moment là.
L'an dernier, les grosses productions étaient plus nombreuses dans les salles, et avaient ainsi attiré un plus grand nombre de spectateurs. Matrix, Sexe intentions, et correspondait exactement à la cible de l'événement, alors que Gladiator ou 28 jours en sursis ratissent moins large. Dans le même temps, Fou(s) d'Irène déçoit un public qui attendait sans doute mieux des auteurs de Mary à tout prix. Enfin la qualité des films plus intimistes leur avait permis d'attirer un grand nombre de spectateurs, à l'image de Buena Vista Social Club, The little voice, ou Tout sur ma mère. Cette année, aucun film ne bénéficie d'un bouche-à-oreille comparable.
Faute de grosses productions fédératrices, la Fête du cinéma profite alors au cinéma français. La comédie Jet Set prend la deuxième place du box-office, et réalise près de 600 000 entrées sur la semaine, ce qui lui permet de dépasser le million de spectateurs dès sa seconde semaine sur les écrans. Son challenger, Promenons nous dans les bois, se positionne quant à lui à la quatrième place, juste derrière Fou(s) d'Irène, avec plus de 325 000 entrées. Enfin Meilleur espoir féminin, la dernière réalisation de Gérard Jugnot, profite de l'événement pour passer la barre du million d'entrées. C'est donc un bien beau début de saison pour le cinéma français, en attendant l'arrivée sur les écrans d'une quinzaine de productions nationales tout au long de l'été.
F.M.L d'après Le Film Français