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Cette année, et pour la première fois, le festival annonce une sélection de qualité comparable au cru 99, ce qui est étonnant : en général, les années sont très variables, avec des hauts et des bas. Côté cinéastes, on la sélection présente à la fois un grand nombre d'habitués, et de jeunes talents. Lars Von Trier, les frères Coen, Ken Loach, James Ivory, Nagisha Oshima, tous confirmés, côtoient Samira Makhmalbaf et Neil Labute, tous deux découverts précédemment dans la sélection Un certain Regard. Pour effectuer son choix, Gilles Jacob a visionné 1397 films, soit 23% de plus qu'en 1999, répartis en 681 long-métrages et 716 films courts. Bien que la limite pour inscrire un film soit fixée au 15 mars, certains n'ont été visionnés qu'à la veille de la révélation de la sélection. " Nous ne pouvons pas refuser de voir de bons films après la date, alors nous en voyons de plus en plus tard. " annonce le délégué général.
Cette sélection est marquée par l'arrivée en force de l'Asie dans la course à la palme, avec 6 films en compétition et un hors compétition : le Chine, Honk-Kong, Taïwan, le Japon et la Corée présenteront des films sur la Croisette. A noter que la Corée est présente pour la première fois depuis la création du festival de Cannes. Toujours à l'est, le Moyen-Orient confirme le dynamisme de sa production cinématographique : Amos Gitaï est en compétition pour la seconde année consécutive, pour Israël, et l'iranienne Samira Makhmalbaf fait son entrée en compétition deux ans après avoir présenté La Pomme à Un certain Regard. Son père était d'ailleurs en compétition l'an dernier, pour Les contes de Kish.
A l'ouest en revanche, rien de nouveau. Les Etats-Unis sont représentés par leurs meilleurs cinéastes indépendants. Après avoir obtenu la Palme pour Barton Fink en 1992, les frères Coen reviennent en compétition. O brother where art thou reste toutefois une grosse production, avec Georges Clooney, et financée par Buena Vista et UIP. Retour également en compétition de James Ivory, avec The golden bowl. Les trois autres réalisateurs américains sélectionnés n'ont jamais présenté de films en compétition officielle : Neil Labute a été découvert à Un certain regard, James Gray (Little Odessa) et Amos Kollek ne sont jamais venus sur la Croisette. Tout comme Brian de Palma, qui présentera hors compétition Mission to Mars. L'Amérique du Sud sera quant à elle représentée par le brésilien Ruy Guerra, et marque son retour sur la Croisette après 11 ans d'absence.
Si la plupart des films présentés hors compétition sont américains, l'explication est simple : ces séances spéciales permettent de programmer des films qui ne s'inscrivent pas nécessairement dans la ligne éditoriale du festival, parfois plus commerciaux (Mission to Mars cette année, Blues Brothers 2000 en 99 ou Dogma l'an dernier) tout en assurant la présence de stars internationales, nécessaire au prestige du festival. D'autre part, si les stars aiment se rendre à Cannes, les studios américains rechignent nettement plus à y envoyer leurs films. En effet, l'été est une saison stratégique, et les décideurs n'aiment guère risquer de mauvaises critiques avant leurs sorties en salles. De plus, pour diminuer les risques, les majors s'associent, et se partagent l'exploitation de leurs films : un studio sort le film sur le marché américain, et l'autre sur le marché international. Aussi si l'une acceptait d'envoyer un film à Cannes, l'autre s'y opposerait. Ce qui explique l'absence des futurs blockbusters sur la Croisette.
En ce qui concerne l'Europe, le festival reste relativement conservateur : on retrouve les habitués du festival, Ken Loach, dont c'est la septième venue, et Lars Von Trier, deux ans après la présentation des Idiots, présent pour la cinquième fois en compétition. L'Europe du Nord est d'ailleurs très présentes, puisque deux films suédois et un film danois seront également dans la course à la Palme d'Or. 4 films représenteront la France : Esther Kahn, d'Arnaud Despleschin, Les destinées sentimentales, d'Olivier Assayas, Harry, un ami qui vous veut du bien, de Dominik Moll, et Code inconnu, de Michael Haneke, réalisateur autrichien mais film français.
Géographiquement, le festival fait place donc à quasiment tous les cinémas du monde, malgré une exception : le continent africain n'est pas représenté cette année.
F.M.L