Fin mars, UGC a lancé à grand renfort de publicité un forfait annuel ouvrant un accès illimité à l'ensemble de ses salles. Pour un coût mensuel de 98 francs, l'adhérent rentabilise son investissement dès qu'il utilise sa carte trois fois par mois.
Alertée par les vives réactions des professionnels à l'égard de cet abonnement, la ministre de la Culture Catherine Tasca a reçu Guy Verrechia, président d'UGC. Celui-ci s'est engagé à "gérer ce dispositif dans la plus grande transparence et à maintenir le prix de référence de 33 F pour la rémunération des ayants-droits". La ministre de la Culture et de la Communication lui a exprimé son regret que cette initiative ait été prise "sans que les pouvoirs publics en aient été informés", et a annoncé son intention d'examiner avec attention les conclusions du médiateur du cinéma à ce sujet.
Déjà en charge de ce dossier, celui-ci devra déterminer les effets de cette nouvelle carte UGC en terme de concurrence et de diffusion de films. De plus, la ministre a souhaité que le CNC mette en place une "procédure spécifique de suivi et d'évaluation de cette opération", afin d'évaluer les effets directs de cette offre commerciale, notamment dans les lieux où UGC est en concurrence avec les salles indépendantes, "afin de veiller au respect des engagements pris par UGC en matière de diversité de programmation et d'accès des autres salles aux films". Un premier état des lieux sera dressé dans trois mois.
Alors que le Champollion, salle mythique d'art et essai, vient d'être sauvé par son classement au patrimoine des monuments historiques, et que de nombreuses cinémas indépendants luttent pour leur survie dans un contexte favorable à la multiplication des multiplexes, le concept de forfait illimité a provoqué une vive polémique chez les professionnels. Ceux-ci s'inquiètent des conséquences sur l'industrie du cinéma. En terme de concurrence d'abord, les exploitants craignent que les spectateurs ne désertent leurs salles au profit d'UGC : si un boom de la fréquentation est à prévoir, il risque de n'être bénéfique qu'à cette seule enseigne.
En terme de distribution ensuite : les titulaires de la carte pourraient être tentés de ne se rendre que dans des cinémas UGC, et de ne voir par conséquent que les films projetés dans ces complexes. Ce qui limiterait les chances de succès pour les films présentés hors de ce circuit, et fragiliserait les salles indépendantes.
Pour résoudre ces questions, le CNC sera chargé d'organiser une rencontre entre les professionnels. Les discussions porteront sur le développement de nouveaux services offerts au public pour doper la fréquentation des salles, "dans le respect de la diversité des oeuvre, des intérêts des ayant-droits et du maintien d'un parc diversifié de salles de cinéma". Le but étant d'attirer le public, en respectant une certaine déontologie, que l'on pourrait définir comme suit : tous les cinémas pour tous les publics dans toutes les salles.
F.M.L